Divertissement

La Cinémathèque française annule la projection du Dernier tango à Paris sous la pression des associations féministes

2024-12-16

Auteur: Jean

Ce week-end, la Cinémathèque française a décidé d'annuler une projection du film Dernier tango à Paris (1972), provoquant un immense tollé de la part des associations féministes. La controverse découle d'une scène de viol filmée sans le consentement de l’actrice Maria Schneider, qui a depuis regretté cette expérience traumatisante.

Cette décision a été prise par Frédéric Bonnaud, le directeur de la Cinémathèque, seulement vingt-quatre heures avant l'événement, selon des préoccupations de sécurité et dans un souci de calmer les esprits. Bonnaud a expliqué que des menaces de violence étaient apparues et que la sécurité du personnel et du public ne pouvait être mise en danger. "Nous ne sommes pas là pour risquer une escalade. C'est regrettable" a-t-il commenté.

La Cinémathèque avait déjà annulé, fin 2017, une rétrospective sur le cinéaste Jean-Claude Brisseau, reconnu coupable de harcèlement sexuel. La projection du Dernier tango à Paris était prévue dans le cadre d’un hommage à l’acteur américain Marlon Brando. Cependant, cette initiative a été vivement dénoncée par Judith Godrèche, figure du mouvement #MeToo en France, qui a appelé à respecter la mémoire de Maria Schneider, décédée en 2011 après une vie marquée par des violences.

Elle a exprimé son indignation sur Instagram : "Il est temps de réveiller la Cinémathèque et de rendre aux actrices de 19 ans leur humanité en adoptant une approche respectueuse." Ceci survient peu après le procès de Christophe Ruggia, accusé d'agressions sexuelles sur Adèle Haenel lorsqu'elle était adolescente.

Le film de Bernardo Bertolucci explore la relation entre un veuf américain et une jeune femme à Paris, culminant dans une scène de sodomie non consentie, qui a outrageusement choqué dès sa sortie, déclenchant une polémique qui perdure.

Cette scène, bien que mise en scène, a été imposée à Schneider sans la prévenir, ce qui a été dénoncé par plusieurs actrices, y compris Jessica Chastain. Schneider a témoigné des abus subis lors du tournage, une voix souvent étouffée dans l'industrie cinématographique.

Le collectif 50/50, prônant l'égalité dans le cinéma, a également appelé à une réflexion déontologique de la part de la Cinémathèque avant de proposer des projections du film. La question du consentement et du respect des victimes est d'une importance cruciale. Le syndicat SFA-CGT a également souligné que "filmer et diffuser un viol reste répréhensible", appelant à des choix de programmation qui prennent en compte la sécurité des victimes.

De plus, l'annulation de la projection a mis en lumière les évolutions des sensibilités sociétales sur le cinéma et la manière dont le 7e art traite les violences sexuelles. Frédéric Bonnaud a déclaré que la controverse entourant ce film démontre son impact, ayant déjà réussi à créer des scandales importants durant plus de 50 ans. Si ce choix a suscité des critiques, il pourrait également être un tournant pour l'avenir du cinéma en matière de représentation et de respect des droits des femmes.