Il en rit quand il l'admet : « C'est étrange, mais pendant mon temps à Exeter, je n'ai jamais réussi à marquer un drop-goal en match... » Une situation qui semblait lointaine, mais qui a radicalement changé cette saison. Joe Simmonds, l'ouvreur anglais de la Section Paloise, a déjà réussi à réaliser trois drop-goals !

Exeter a récemment rencontré des difficultés financières, et il y a deux ans, onze joueurs, dont les frères Simmonds, ont quitté le club, double champion d'Angleterre (2017 et 2020) et vainqueur de la Coupe d'Europe (2020). Avec le départ de Zack Henry au Stade Français en 2023, Joe Simmonds (1,83 m, 87 kg) a pris les rênes de l'ouvreur à Pau.

« Dès le début, nous avons voulu le voir comme une pierre angulaire de notre projet », confie son entraîneur, Sébastien Piqueronies, qui a récemment prolongé son contrat jusqu'en 2028. En tant que meilleur réalisateur du dernier Top 14 avec 218 points cette saison, Simmonds (28 ans) est unanimement apprécié au sein de l'équipe. « Il s'entraîne avec passion chaque jour, il est rarement blessé et ne se plaint jamais », ajoute le coach palois.

Samedi, alors que son équipe était menée 37-38 juste avant le coup de sifflet final, la Section Paloise a réussi à arracher la victoire 40-38 au Hameau, grâce à Simmonds. Il raconte : « Lorsque nous avons encaissé la dernière pénalité, je savais que nous aurions encore une chance. Avec Thibault Daubagna, qui est entré en jeu, nous avons brièvement discuté de la possibilité que je sois en position de drop. Quand les avants se sont regroupés sur la ligne d'avantage, j'ai su que je devais faire quelque chose. Thibault a fait la passe au bon moment, veillant à ce que nous soyons proches des poteaux. Ce drop est le fruit de notre collaboration. »

Avec une efficacité de 86 % cette saison, Simmonds précise : « Je ne voulais pas changer ma position, rester dans l'axe sans quitter des yeux mon demi de mêlée. » Après une mêlée et dix-neuf phases de jeu, le ballon lui parvient. « J'étais ravi à l'idée de tenter ce drop. Je n'étais pas nerveux ou inquiet, juste excité. » Sa famille et ses amis, présents dans les tribunes, ont partagé cet instant unique.

Pour couronner le tout, cette rencontre a également vu s'affronter les deux frères Simmonds : Joe, sous le maillot palois, et Sam avec Montpellier. Soixante-dix-sept personnes ont fait le déplacement de Torquay pour les soutenir. Joe avoue que « d'être celui qui a décidé de la victoire donnait à cette situation une saveur particulière ». Piqueronies, hilare, confirme : « Il avait réservé les billets des mois à l'avance. Samedi, c'était lui le partenaire le plus important du club. »

En anecdote, Sam, qui essaie de contrer le drop de son frère, a effleuré le ballon de ses doigts, mais cela n'a pas suffi. Joe reconnaît : « Le timing n'était peut-être pas idéal, car je n'avais aucun partenaire devant pour bloquer. Quatre adversaires se sont rapidement précipités. J'ai dû frapper la balle instantanément. »

Cette victoire arrachée propulse Pau de la dixième à la septième place du classement. Cependant, Piqueronies reste réaliste : « Il faut rester humbles, car il y a un championnat à trois (Toulouse, Bordeaux-Bègles et Toulon) et un championnat à onze. Tout le monde peut battre tout le monde, et il va y avoir encore beaucoup de surprises jusqu'à la dernière journée. » Les amateurs de rugby peuvent s'attendre à une saison palpitante où chaque match comptera !