
Les banques en ligne : une révolution pour les petites entreprises
2025-03-17
Auteur: Jean
Après avoir conquis le marché des particuliers, les néobanques et fintechs s'attaquent à un nouveau défi : le secteur des petites et moyennes entreprises, traditionnellement dominé par les banques classiques. Avec des promesses de services plus rapides et moins coûteux, ces nouvelles institutions financières entrent en compétition directe avec des géants établis.
Sébastien Tronel, cofondateur de Trusk, une société de logistique, exprime son soulagement : « Avoir un compte dans une banque traditionnelle peut représenter un coût élevé », justifie-t-il. Il a récemment décidé de remplacer une de ses banques historiques par Memo Bank, lancée en 2017, qu'il décrit comme un « outil fiable et adapté aux besoins spécifiques des entreprises ».
Du côté de Rakuten, Darach Ellison a opté pour le service de la banque en ligne Revolut pour sa flexibilité inégalée. « Même si tout n’est pas parfait, c’est une option bien plus avantageuse qu'une banque traditionnelle », affirme-t-il. Tandis que Revolut a débuté avec une clientèle de particuliers, Qonto s'est concentrée dès sa création sur le marché des professionnels et des petites entreprises.
Philippine Rougevin-Baville, directrice générale de Qonto, constate une forte demande parmi les clients, notamment dans le secteur du BTP, qui sont souvent à la tête de petites équipes. « Ils recherchent un produit fiable, un service client efficace, et des tarifs transparents, à partir de 9 euros par mois », précise-t-elle. Elle souligne également l'absence de frais cachés, une réalité désagréable pour beaucoup de TPE et PME travaillant avec des banques traditionnelles.
De nombreuses autres fintechs européennes ont émergé, telles que Manager.one, Shine, et N26, chacune ciblant les petites entreprises. Selon Margaux Vignal, consultante chez Bartle, les entreprises génèrent « des revenus plus élevés en moyenne que les particuliers », car elles disposent souvent de dépôts plus significatifs, offrant ainsi un rendement intéressant pour ces nouvelles plateformes.
Cependant, elle note également que les outils numériques offerts par les banques traditionnelles sont en retard par rapport aux attentes croissantes des TPE et PME pour une gestion d’entreprise entièrement en ligne. La pandémie de Covid-19 a exacerbé cette tendance, forçant les entreprises à évoluer vers des solutions à distance. Malgré leur croissance, ces néobanques deviennent progressivement une alternative sérieuse, mais elles doivent encore gagner la confiance des entreprises.
Les besoins des entreprises varient : les TPE, semblables aux particuliers, ont besoin de services de base tels que des comptes bancaires, des moyens de paiement et des solutions de trésorerie. En revanche, les PME, plus complexes, nécessitent des solutions adaptées à des rôles spécifiques (direction, finance, RH), rendant leur gestion financière plus nuancée.
Il est important de noter que les fintechs ne recouvrent pas encore l'intégralité des solutions bancaires nécessaires aux entreprises. Beaucoup ne proposent pas de conseillers dédiés, et l’absence d'agences physiques complique les dépôts en espèces ou par chèque. Par exemple, Qonto n'est pas habilitée à délivrer des prêts, un élément clé du fonctionnement bancaire, et n’offre pas d'options de découvert. Ainsi, des entreprises comme Rakuten et Trusk continuent de collaborer avec des banques traditionnelles, soulignant la pratique de la « multibancarisation », courante dans le monde des affaires.
Néanmoins, les fintechs se diversifient vers des services complémentaires, tels que l'assistance à la création d'entreprise, la facturation électronique, et la gestion des dépenses. Selon Aqil Pierali, consultant chez TNP Consultants, « ce sont ces aspects qui séduisent de plus en plus les clients dans un environnement d'affaires en constante évolution. » La transformation numérique, conjuguée à une meilleure compréhension des besoins spécifiques des petites entreprises, semble porter ces nouvelles banques vers un avenir prometteur.