Technologie

"Je me suis sentie épiée": quand les applications de géolocalisation virent au cauchemar

2024-09-28

Les applications de géolocalisation, initialement créées pour rassurer les utilisateurs, soulèvent des inquiétudes croissantes concernant leur abus potentiel.

Récemment, en février 2024, une étudiante nommée Manon a vécu une situation particulièrement angoissante. Après avoir quitté un Uber, elle s'est retrouvée face à face avec son ex-petit ami qui l'attendait devant chez elle. L'angoisse l'a submergée lorsqu'elle a réalisé qu'il était capable de suivre sa position grâce à une fonctionnalité de partage proposée par Uber. "C'était super angoissant", confie-t-elle. Manon partageait sa position avec ses amis pour des raisons de sécurité, mais elle avait oublié d'enlever son ex de la liste après leur rupture.

Ce phénomène n'est pas isolé. Selon l'Agence européenne des droits fondamentaux, près de 80 % des femmes en Europe partagent leur localisation durant leurs trajets nocturnes, espérant ainsi se sentir en sécurité. Toutefois, des incidents comme celui de Manon montrent un revers inquiétant à cette technologie. Les dispositifs tels que les Airtags d'Apple, qui étaient censés aider à retrouver des objets perdus, ont été détournés pour suivre des personnes à leur insu.

Des exemples troublants continuent d’émerger. Clara, une jeune femme, a découvert un ancien camarade à un café alors qu'il avait suivi sa position via Snapchat. Bien que cet incident ne fût pas menaçant, il l'a laissée avec un sentiment d'inquiétude. "Je me suis sentie épiée", exprime-t-elle, confiant ses craintes d'être surveillée sans son consentement.

Les cas d'abus ne s'arrêtent pas là. Solène, une autre utilisatrice de Snapchat, a ressenti une invasion de sa vie privée quand un ancien camarade a commencé à l'identifier à divers endroits grâce à la fonction de carte du réseau social. Les coïncidences devenaient trop fréquentes, attisant ses soupçons quant à son suivi.

En outre, le partage de localisation ne se limite pas aux jeunes adultes. Des histoires comme celle de Jeanne, qui a découvert que son père la géolocalisait sans son accord, soulignent la gravité de la situation. Elle a été choquée de savoir que des membres de la famille pouvaient surveiller ses moindres faits et gestes sans son consentement.

La volonté de protection peut parfois devenir intrusive. Nadia, une mère, a partagé sa localisation avec son ex-mari, mais a ensuite vécu une surveillance étouffante lorsque celui-ci a commencé à lui poser des questions intrusives sur ses déplacements. Ses expériences lui ont fait prendre conscience des effets néfastes d'un contrôle excessif.

D'un autre côté, Roméo, un adolescent, ressent le besoin de protéger sa vie privée. Il envisage d'acheter un second téléphone pour ne pas être suivi par sa mère, qui utilise une application de suivi de localisation pour assurer sa sécurité. Ce dilemme sentiment est de plus en plus courant dans une société où la technologie envahit notre vie quotidienne.

Ces récits montrent que, bien que les outils de géolocalisation aient été créés pour renforcer la sécurité, ils peuvent facilement être utilisés de manière abusif, mettant en lumière le besoin de dialogue et de consentement autour de ces technologies. Dans un monde où la vie privée devient de plus en plus vulnérable, la question se pose : jusqu'où pouvons-nous aller pour nous protéger sans perdre notre liberté?