« J’ai l’impression d’être un eunuque » : la masculinité bousculée d’hommes victimes d’un cancer de la prostate
2024-11-12
Auteur: Chloé
Stéphane, 50 ans, reçoit un diagnostic de cancer de la prostate au début de l'année 2024. Ce jour-là, il est perdu, comme si son esprit était « à 20 mètres de son corps ». Lorsque son urologue lui demande s'il souhaite avoir d'autres enfants, père de deux filles et d'un garçon, il répond par la négative. Face à une maladie si sévère, le médecin lui recommande fermement une prostatectomie, une opération que son père, décédé d'un cancer généralisé, avait refusée. Stéphane, lui, accepte. « Sur le moment, j’étais incapable d’assimiler les conséquences de l’opération sur ma vie quotidienne, je voulais juste survivre », se remémore-t-il. Aujourd’hui, il ressent une résignation à n’être plus que la moitié d’un homme.
Chaque année, en France, près de 60 000 nouveaux cas de cancer de la prostate sont diagnostiqués, faisant de cette maladie le premier cancer touchant les hommes et la troisième cause de décès par cancer dans cette population. Le mois de novembre est dédié à la sensibilisation aux maladies masculines par le mouvement Movember, qui encourage les hommes à se faire dépister. En effet, lorsqu'il est détecté à un stade précoce, le cancer de la prostate présente un taux de survie très élevé : environ 93 % des hommes sont en vie cinq ans après le diagnostic, selon les données de l’Institut national du cancer.
Cependant, le parcours des victimes est souvent difficile. À côté des problèmes de santé, les hommes comme Stéphane se battent avec des questions d'identité, de virilité et de futur. Les traitements, bien qu’efficaces, peuvent entraîner des effets secondaires tels que des problèmes d'érection et des changements hormonaux, affectant ainsi leur expérience de la masculinité. De nombreux témoignages soulignent le besoin de soutien psychologique pour surmonter ces bouleversements.
La sensibilisation portée par Movember et d'autres campagnes vise également à briser le tabou qui entoure ces discussions, encourageant les hommes à parler ouvertement de leur santé. En agissant ensemble, il est possible d’améliorer non seulement la détection précoce du cancer de la prostate, mais aussi de redéfinir ce que signifie être un homme aujourd'hui.