INTERVIEW. Vendée Globe : "Je serai ravi d'arriver, ça va être le tour du monde le plus long de ma carrière !", sourit Jean Le Cam
2025-01-28
Auteur: Sophie
Il y a quelques jours, Jean Le Cam a été aperçu perché à 28 mètres de hauteur sur son mât, s'affairant à la réparation de son étais de J2, une pièce essentielle pour maintenir le mât en position verticale. Avec un sourire, il a déclaré : "Pour vous, ça ne veut peut-être pas dire grand-chose, mais moi je suis content."
À bord de son monocoque "Tout commence en Finistère – Armor-Lux", il continue son aventure, même si les résultats ne lui permettent pas de rivaliser avec les leaders de la course. Il était en tête en franchissant le Cap Horn le 4 janvier dernier, mais se retrouve maintenant éloigné des autres concurrents.
À 65 ans, le "Roi Jean", comme il est affectueusement appelé, a répondu aux questions de franceinfo à l'approche de l'arrivée aux Sables d'Olonne.
franceinfo : Comment se porte votre moral ?
Jean Le Cam : J'ai eu une période de déception car j'ai perdu le contact avec le reste de la flotte. J'avais jusqu'à 1000 milles (environ 1800 km) d'avance sur le groupe, mais je n'étais pas au bon endroit au bon moment. J'ai enchaîné des moments de calme plat, c’est parfois frustrant.
Sur le plan physique, êtes-vous en forme ?
Il y a eu des moments de faiblesse. Récemment, par exemple, je naviguais à quatre nœuds dans la pétole, c’est-à-dire à peine 7 km/h ! Ce n'est pas tous les jours simple. Cependant, nous restons concentrés sur notre compétition, même si les bateaux à dérives, comme le mien, ne peuvent pas rivaliser sur le même pied avec les monocoques à foils qui se montrent extrêmement performants.
"Il y a une réelle fracture technologique. Pour rendre la compétition plus équitable, il serait peut-être opportun d'établir deux classements distincts."
Jean Le Cam
à franceinfo
Dans cette dernière ligne droite, ressentez-vous une impatience qui croît de retrouver les quais des Sables d'Olonne ?
Je serai content d'arriver, c'est certain. L'autre nuit, j'étais dans le fameux pot-au-noir et un orage s'est déclenché sous le vent. J'ai vu sur les images satellites la formation de cet orage menaçant, et je me suis dit : "oh purée, je vais finir sans électronique !" Ces situations sont vraiment stressantes. Pendant ces instants, j'aimerais être ailleurs, c'est indéniable.
Comparer ce Vendée Globe avec ceux que vous avez déjà vécus, que pouvez-vous en dire ?
Cette édition est beaucoup plus facile que la dernière, c'est le moins que l'on puisse dire (rires). Mon précédent bateau avait subi de nombreuses avaries. Avec celui-ci, je me sens plus confort. Je ne sais pas combien de jours il me faudra pour terminer, mais je pense que cela va être le tour du monde le plus long de ma carrière. En 2021, j'avais terminé 4e en 80 jours. À présent, il est fascinant de voir que les premiers concurrents arrivent avec près de 15 jours d'avance comparé à il y a quatre ans. C’est vraiment impressionnant. Comme je le dis régulièrement, chaque Vendée Globe est unique et rien ne ressemble à l’autre.