« Aime qui tu veux. Et si quelqu’un te fait du mal, maman interviendra. »

L'histoire tragique de Lucas, un jeune garçon qui a perdu la vie suite à des actes de harcèlement scolaire, met en lumière la lutte et la douleur d’une mère, Séverine, face à l'intolérance et à la cruauté des autres. Lucas, dès son plus jeune âge, ne cachait pas son homosexualité. À 12 ans, en larmes, il avoue à sa mère : « Je n’aime pas les filles. Je veux un amoureux. » Séverine, pleine de compréhension et d'amour, lui assure qu'il peut aimer qui il souhaite, ignorant qu'une tempête se prépare à l'horizon.

Le harcèlement débute après un déménagement à Golbey. Lucas, bientôt au collège Louis-Armand, devient la cible de moqueries incessantes sur ses goûts vestimentaires, sa manière de parler et son orientation sexuelle. Les insultes qu’il subit, des mots tels que « gros pédé » et « sale tapette », marquent une spirale descendante qui le plonge dans un état de souffrance et d'isolement. Bien que sa mère tente de l'aider et d'intervenir, Lucas refuse par crainte d’aggraver les choses.

Elle se remémore un moment où il était heureux, entouré de son cocon familial. Mais le retour à l’école transforme ce bonheur en une lutte acharnée pour la survie. Le 6 janvier 2023, après avoir pris la décision de ne pas aller à son cours de hip-hop, Lucas se retrouve seul, laissant à sa mère un dernier message d'amour : « Travaille bien maman, je t’aime. » Ces mots résonnent maintenant comme un appel de désespoir.

C’est sa petite sœur, âgée de seulement 4 ans, qui découvre son corps inanimé. Séverine, dévastée, ressent la douleur et l'incompréhension. Le traumatisme impacte non seulement Séverine, mais aussi ses autres enfants, dont Damien, 17 ans, qui vit une détresse profonde et un refus de voir un thérapeute.

Le harcèlement scolaire, bien qu'il puisse sembler un problème isolé, touche en réalité des milliers d'enfants en France chaque année. Selon les statistiques, près d'un élève sur dix est victime de harcèlement, ce qui peut entraîner des conséquences tragiques, comme celle vécue par la famille de Lucas. La loi est conçue pour protéger les enfants, mais souvent, ceux qui sont censés intervenir, comme les enseignants, échouent à prendre des mesures efficaces.

Après le drame, Séverine se bat pour que justice soit faite. En juin 2023, quatre adolescents sont jugés coupables, mais en octobre, tous sont acquittés en appel. Séverine, déterminée, réclame des comptes, non seulement aux agresseurs, mais au système éducatif qui a échoué à protéger son fils. Des enquêtes administratives sont mises en place, et Lucas est finalement reconnu comme victime de harcèlement.

Aujourd'hui, Séverine continue de mener le combat pour sensibiliser le public à cette question cruciale. Chaque jour, elle envoie un message sur le compte Snapchat de Lucas, comme une façon de garder le contact et de faire entendre les voix des enfants qui souffrent en silence. « Je fais tout cela pour Lucas et pour tous ceux qui, comme lui, se sentent isolés et incompris, » confie-t-elle.

La tragédie de Lucas n'est pas seulement celle d'un jeune garçon, mais celle d'un système qui doit changer pour éviter que d'autres enfants dans le même contexte ne perdent la vie. C'est un appel pour que chacun d'entre nous prise conscience de l'importance de l'acceptation et du respect de la différence.