La Hongrie vient de subir un coup dur : un milliard d’euros de fonds européens a été définitivement retiré, marquant une première dans l’histoire de l’Union européenne. Ce gel, qui a été en vigueur depuis le printemps 2022, fait suite à des accusations de manquements à l'État de droit formulées par la Commission européenne à l'encontre du gouvernement de Budapest.

Les autorités européennes ont exprimé de « graves inquiétudes » concernant l'utilisation des fonds publiques en Hongrie, notamment en ce qui concerne la passation des marchés publics et le manque de transparence. Malgré des efforts de réformes menés par Budapest pour restaurer la confiance de l’UE et débloquer certains fonds, 19 milliards d’euros restent gelés dans le cadre de différentes procédures. La Commission a déjà averti que la première tranche de 1,04 milliard d’euros suspendue expirera à la fin de 2024.

En parallèle, la tension politique monte en Hongrie. Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban, qui dirige le pays depuis 2010, voit son pouvoir contesté. En juillet dernier, un rapport de la Commission européenne a mis en avant le non-respect des normes démocratiques, indiquant des problèmes de corruption, de financement politique opaque et de conflits d’intérêts. Face à la crise économique qui frappe le pays, Orban a promis de « se battre » pour récupérer ces fonds, dénonçant ce qu'il considère comme des tentatives de l'UE de « prendre l'argent des Hongrois sous divers prétextes ».

Son nouvel adversaire politique, Peter Magyar, appelle à des élections anticipées, alors que plusieurs sondages indiquent que son parti pourrait remporter les suffrages. Magyar a exprimé son désir de ramener les milliards dus par l’UE, faisant appel à un changement rapide, affirmant que « le temps presse » et qu’il est impératif pour le pays de ne pas perdre une autre année dans cette crise.

En outre, la Hongrie fait face à des sanctions possibles sous l'article 7 du Traité de l'UE, une procédure qui vise à sanctionner les États membres en cas de violation grave des principes démocratiques. Cette situation pourrait encore compliquer la position de Budapest vis-à-vis de l’UE et des autres partenaires internationaux.

La crise actuelle en Hongrie soulève des questions complexes sur l’avenir de la démocratie en Europe centrale et sur les valeurs fondamentales de l’Union européenne. Alors que les tensions s'intensifient, il est impératif pour la Hongrie de trouver un chemin vers la conformité avec les exigences européennes, sans quoi elle risque de se retrouver davantage isolée sur la scène internationale.