Nation

Guerre en Ukraine : la chute de la brigade formée en France crée la polémique

2025-01-03

Auteur: Emma

Le 2 janvier, le Bureau national d'investigation ukrainien a révélé qu'une enquête avait été ouverte pour « abus de pouvoir » et « désertion » au sein de la 155e brigade mécanisée, surnommée « Anne de Kiev », qui a bénéficié d'une formation partielle en France à l’automne précédent. Cette annonce fait suite à des révélations du blogueur militaire influent, Iouri Boutoussov, qui a publié des accusations détaillées sur Facebook le 31 décembre. Dans post, il dénonçait des dysfonctionnements majeurs au sein de cette brigade, exacerbant les critiques déjà émises après son retour en Ukraine début décembre.

D'après Boutoussov, la brigade est en proie à des problèmes importants avant même de rejoindre le front. Des limogeages, des défections et un manque d’expérience des soldats, qui ont été mobilisés peu de temps avant leur déploiement, sont cités comme des raisons de cette situation alarmante.

La brigade, qui a été déployée dans la région de Pokrovsk où les combats sont intensifs, aurait été engagée dans des combats sans drone ni équipement de brouillage électronique, et sans son état-major resté en France. Cette situation a conduit à de graves inquiétudes quant à l’efficacité opérationnelle de la brigade.

Un constat alarmant

Selon Boutoussov, presque 1 700 soldats auraient déserté la brigade depuis sa création au printemps 2024, dont 50 durant leur formation en France. Cela représente près de la moitié des effectifs initiaux. Ces allégations sont maintenant au cœur de l'enquête du Bureau national d'investigation, et auraient conduit, selon le blogueur, au renvoi du commandant de la brigade, le colonel Dmytro Rioumchine, début décembre. Boutoussov a exprimé que cela a intensifié le chaos dans la gestion de la brigade.

D'autres voix, comme celle de la députée ukrainienne Mariana Bezouhla, ont également souligné cette dispersion et la fragmentation des unités, qui une fois sur le front, se sont retrouvées éclatées et rattachées à d'autres unités. Un ancien officier de l’armée ukrainienne a commenté que cette pratique de combinaison d'unités non familières était une réalité courante dans le conflit actuel.

Bien que la France ne soit pas directement blâmée dans cette affaire, la situation soulève des questions sur la pertinence des dispositifs d’entraînement complets mis en place, alors que l'annonce de la création d'une seconde brigade par la France a été faite le 18 décembre par Volodymyr Zelensky.

Une réponse institutionnelle

Sans directement aborder les accusations de Iouri Boutoussov, le ministre de la défense, Roustem Oumierov, a annoncé le 2 janvier un audit approfondi des forces terrestres. Toutefois, les critiques vont bien au-delà de la simple organisation interne d’une brigade. Elles remettent en question le choix de créer 14 brigades de réserve alors que les brigades existantes connaissent de graves défis opérationnels.

Des voix comme celle d'Oleh Simoroz, un vétéran devenu activiste après avoir perdu ses jambes dans une mine, s'insurgent sur les réseaux sociaux, appelant à renforcer les unités en difficulté plutôt que de former de nouvelles unités.

Problèmes de désorganisation, allocation incohérente d'équipements, manque de coordination, désertions ; ces problèmes, s’ils se confirment, ne touchent pas seulement la 155e brigade mais reflètent une crise plus large au sein de l'armée ukrainienne, en proie à une pénurie de personnel alors que l'offensive russe se poursuit avec vigueur. Il est impératif que les autorités ukrainiennes prennent ces avertissements au sérieux pour renforcer leur capacité militaire face à l'agression.