Grève illimitée à la SNCF : la lutte syndicale face à la réforme du Fret SNCF
2024-11-09
Auteur: Julie
Les syndicats de la SNCF ont lancé un appel à une grève illimitée à partir du mercredi 11 décembre, après un dur échange ce samedi 9 novembre. En parallèle, une journée de mobilisation est prévue le 21 novembre. Leur principale revendication est la suspension du démantèlement de Fret SNCF, une entreprise phare dans le secteur du fret ferroviaire en France, qui est prévue pour disparaître au 1er janvier prochain. Elle sera remplacée par deux nouvelles entités : Hexafret, dédiée au transport de marchandises, et Technis, consacrée à la maintenance des locomotives.
Ce projet fait partie d'un plan de discontinuité qui a été négocié avec la Commission européenne, afin d'éviter une procédure de redressement. En effet, l'État français est soupçonné d'avoir octroyé des subventions considérées illégales à Fret SNCF entre 2005 et 2019, pour un montant avoisinant les 5 milliards d'euros. Cela a soulevé des inquiétudes concernant la concurrence sur le marché du fret, d’autant plus que celui-ci est ouvert à la concurrence depuis 2006 en France.
La douleur des employés face à l'incertitude
Les syndicats soulignent qu'un moratoire est désormais indispensable pour permettre aux acteurs concernés de se retrouver autour de la table et garantir, non seulement la continuité, mais également le développement à long terme de Fret SNCF. Dans le cadre de l’opération de transformation, seuls 10 % des 4 500 salariés de Fret SNCF seront transférés chez Technis, tandis que le reste sera intégré à Hexafret.
De nombreux cheminots, ayant œuvré pendant 20 ou 25 ans pour l'entreprise, se retrouvent dans l'incertitude totale sur leur avenir. Selon Julien Troccaz, secrétaire fédéral de Sud-Rail, la direction de la SNCF a fait preuve d'un manque de communication lors des premières discussions. Les employés sont confrontés à une réalité douloureuse où ils s'inquiètent de leurs droits sociaux suite à l'éclatement de l'entreprise.
Vers une privatisation progressive
Ce chantier de réorganisation devrait mener à la suppression de 500 postes, représentant 10 % des effectifs. Une troisième étape de cette réforme est prévue pour fin 2025-début 2026, où il y aura une ouverture du capital de Rail Logistics Europe au secteur privé, tout en veillant à ce que le groupe SNCF conserve une majorité.
Les inquiétudes persistent concernant l'avenir du fret ferroviaire, particulièrement alors que la part de marchandises transportées par train en France est déjà faible, représentant seulement 11 % en 2023, contre 17 % en moyenne en Europe. De plus, 2023 a vu un recul de 17 % des volumes de marchandises transportées par rail en France, accentuant la nécessité d'une réponse adéquate pour maintenir la compétitivité du fret ferroviaire face à ses concurrents européens. Alors que les syndicats s'organisent pour défendre leurs droits, la société civile s'interroge : cette réforme est-elle véritablement dans l'intérêt de l'avenir du transport ferroviaire en France ? Les prochains mois seront cruciaux.