Nation

Gérald Darmanin : Quatre Ans à Beauvau et un Bilan Éprouvé

2024-09-23

Avec plus de quatre ans à la tête du ministère de l'Intérieur, Gérald Darmanin a su s'imposer comme une figure incontournable de la politique française. Nommer ministre en juillet 2020, il a hérité d'une tâche ardue dans un contexte de bouleversements sociaux et de crises de sécurité. Bien qu'il n'atteigne pas le record de longévité de Roger Frey, son parcours est sans précédent depuis cinquante ans.

Darmanin a débuté son mandat dans un climat tendu, marquée par les remous provoqués par les "gilets jaunes" et des accusations de violences policières. Pour éviter les erreurs de son prédécesseur, il a mis un point d’honneur à maintenir des relations cordiales avec les syndicats de police, en jouant habilement sur le registre du dialogue social pour garantir sa position.

Son plan audacieux de loi d’orientation et de programmation (Lopmi) a été bien accueilli, prévoyant un budget conséquent de 15 milliards d'euros sur cinq ans pour renforcer et moderniser les forces de police, alors que d'autres ministères devaient réduire leurs dépenses. Ce choix stratégique souligne son engagement à soutenir une police qui, selon lui, a besoin de moyens pour faire face à une criminalité en constante évolution.

Le soutien de l'Élysée a été essentiel, car Emmanuel Macron, conscient d'être peu populaire parmi certains corps de sécurité, a affirmé son engagement envers les forces de l'ordre, se rappelant des tensions lors des manifestations des "gilets jaunes".

Le ministère de Darmanin s'est également caractérisé par sa volonté de transformation. S'inspirant de son mentor Nicolas Sarkozy, il se positionne cependant comme un réformateur à part entière, évoquant Pierre Joxe, considéré comme le dernier grand réformateur de la police. En janvier 2024, une vaste réorganisation de la police sera mise en œuvre, avec une hiérarchie renforcée où un seul responsable supervisera tous les services dans chaque département. Ce changement, bien que controversé, est perçu comme une nécessité face au développement alarmant de la criminalité organisée en France.

Cependant, la résistance provient, notamment, de la police judiciaire, qui craint pour ses prérogatives et son savoir-faire. Cette contestation met en lumière les défis qui attendent toujours Darmanin, alors qu'il continue de naviguer dans un océan de scepticisme tant au sein des corps policiers qu’auprès de l’opinion publique. Dans ce contexte, il est essentiel de se demander : Gérald Darmanin réussira-t-il à transformer les forces de police tout en préservant l'équilibre nécessaire pour assurer la sécurité des Français ?