Technologie

Face à la "frilosité" des investisseurs, les start-up africaines doivent se serrer la ceinture

2025-01-24

Auteur: Michel

Edem Adjamagbo, entrepreneur togolais à la tête de Semoa, une fintech active dans cinq pays d'Afrique francophone, a parcouru le douloureux chemin de la levée de fonds pour collecter 2 millions d'euros. Depuis le lancement de sa campagne il y a un an, il a contacté 122 investisseurs, dont 89 n'ont pas répondu, et a essuyé 23 refus. Avec un seul retour positif, il lui manque encore 1,6 million d'euros pour assurer la croissance de son entreprise. Il souligne la difficile situation des start-up en Afrique francophone, qui restent souvent dans l'ombre des "Big Four"—Nigeria, Afrique du Sud, Égypte et Kenya—qui attirent 67 % des investissements en capital-risque, selon le rapport de Partech Africa.

La situation est d'autant plus préoccupante compte tenu de la réduction des financements qui a touché l'ensemble des jeunes entreprises du continent. En 2023, elles ont levé 3,2 milliards de dollars, une baisse de 7 % par rapport à l'année précédente, marquée par une chute de 46 % des investissements. Même les start-up d'Afrique anglophone, souvent perçues comme des locomotives, adoptent des budgets plus serrés.

Cependant, malgré ces défis, l'écosystème des start-up africaines montre une certaine résilience. Les défis économiques, tels que la hausse des taux d'intérêt et l'inflation, ont obligé de nombreuses entreprises à restructurer leurs modèles économiques, et certaines, comme Gro Intelligence et Copia, ont tragiquement fermé leurs portes en raison du manque de financement.

Ainsi, les fintechs, qui ont captivé l'attention des investisseurs ces dernières années, continuent d'attirer des fonds, représentant près de 47 % des investissements en 2024. Des entreprises comme Moniepoint et TymeBank ont même réussi à réaliser des levées de fonds à neuf chiffres, prouvant que le secteur numérique est en pleine expansion.

Néanmoins, l'analyste Max Cuvellier Giacomelli alerte sur le fait que tant que le capital-risque se concentrera sur quelques régions et segments, il sera difficile d'élargir le champ d'investissement. Avec seulement 1 % des financements mondiaux destinés aux start-up en Afrique, la question demeure : l'Afrique ne sait-elle pas attirer les investissements ou les investisseurs ne voient-ils pas les opportunités?

Des entrepreneurs comme Kidus Asfaw, fondateur de la start-up éthiopienne Kubik, témoignent de la défiance des investisseurs envers des projets basés sur le continent. Après un parcours de deux ans et demi pour lever 5,2 millions de dollars, il souligne la nécessité de changer la perception autour des start-up africaines. Malgré ces obstacles, Adjamagbo et d'autres fondateurs restent optimistes : la technologie peut potentiellement résoudre de nombreux problèmes en Afrique, notamment dans les domaines du commerce, de la logistique et de la santé.