Affaires

Europe : Quel sera l'impact de la directive sur la durabilité ?

2024-12-28

Auteur: Emma

L'Europe se prépare à un bouleversement considérable de son paysage énergétique avec l'entrée en vigueur, prévue pour 2027, de la directive européenne sur la durabilité. Cette directive pourrait avoir des répercussions significatives sur les importations de gaz, notamment ceux en provenance d'Algérie, principal fournisseur, et d'autres pays comme le Qatar et les États-Unis.

Le Qatar, qui représente environ 10 % des besoins en gaz de l'Europe, a d'ores et déjà menacé de suspendre ses livraisons si cette directive devait nuire à son modèle économique. En effet, le ministre qatari de l'Énergie, Saad Al Kaabi, a récemment déclaré qu'une amende de 5 % sur ses revenus le forcerait à reconsidérer sa présence sur le marché européen. Ce renforcement des barrières réglementaires pourrait pousser d'autres pays, comme l'Algérie, à adopter des mesures similaires.

En parallèle, les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, comptent intensifier leurs exportations de GNL (gaz naturel liquéfié) vers l'Europe, tout en menaçant d'imposer des droits de douane sur les produits européens si cette dernière n'augmente pas ses achats de leurs hydrocarbures. Actuellement, 47 % des importations européennes de GNL proviennent déjà des États-Unis.

La directive sur la durabilité a pour but d'obliger les entreprises à s'assurer que l'ensemble de leur chaîne d'approvisionnement ne viole pas les droits de l'homme et respecte les normes environnementales. Cela pourrait mettre sous pression de nombreux fournisseurs d'énergie qui doivent s'adapter à ces nouvelles réglementations. Selon des experts, les entreprises ne respectant pas ces normes pourraient risquer des amendes pouvant aller jusqu'à 5 % de leur chiffre d'affaires, ce qui pourrait avoir des conséquences économiques dramatiques.

L'Algérie, avec Sonatrach à sa tête, exporte principalement son gaz via des gazoducs vers l'Espagne et l'Italie. En octobre dernier, Sonatrach avait déjà été classée comme le premier fournisseur de l'Europe en gaz, fournissant 1,3 milliard d'euros de valeur sur ce marché, représentant 21 % des importations de l'UE. Cependant, aucune réaction officielle n'a encore été donnée par Sonatrach ou le ministère de l'Énergie en réponse à cette directive de durabilité.

Pour réduire son empreinte carbone, Sonatrach a lancé un ambitieux projet de reforestation, prévoyant de planter plus de 423 millions d'arbres sur une période de 10 ans, pour un coût d'un milliard de dollars. Cette initiative vise à générer des crédits carbone, valorisant ainsi le gaz algérien sur le marché international comme une source d'énergie à faible empreinte carbone.

Cette combinaison de pressions géopolitiques et de nouvelles réglementations pourrait conduire à une transformation profonde du marché énergétique européen dans les années à venir. Alors que l'Algérie et d'autres fournisseurs examinent leurs stratégies d'exportation, le véritable futur du gaz en Europe pourrait bien reposer sur des engagements de durabilité et des initiatives vertes.