Divertissement

Enquête explosive sur "L’Abbé Pierre, une vie de combats" : un témoignage troublant avant la sortie du film

2024-09-27

"Nous n'avons reçu aucune alerte, rien ne nous avait préparés à cela." Wassim Beji, producteur du film "L’Abbé Pierre, une vie de combats", se dit toujours "sous le choc", plus de deux mois après la publication du rapport d'enquête mené par le groupe Egaë, dans lequel des femmes mettent en lumière les comportements inappropriés de l'abbé Pierre. Ces témoignages choquants font état d'attouchements inappropriés, de baisers forcés, ainsi que d'agressions sexuelles sur des femmes vulnérables et des mineures, y compris une jeune enfant. "Je me sens trahi, dupe de l'abbé Pierre", confie le producteur.

Un film qui dévoile le "vrai" Abbé Pierre

L'équipe du film est d'autant plus déroutée par ces révélations, car le projet visait justement à explorer la vie de l'homme derrière la légende, l'abbé Pierre authentique. "Nous voulions mettre en avant ses défauts, sa complexité," explique Benjamin Lavernhe, l'acteur incarnant le personnage principal. Frédéric Tellier, le réalisateur, souligne qu'il a consacré près de deux ans et demi à la recherche, scrutant des biographies, visitant des archives et échangeant avec des compagnons des communautés Emmaüs.

Alors qu’il pensait dépeindre une figure complexe, Tellier avoue avoir été profondément affecté par la découverte des abus. "Lorsque j'ai appris ces révélations, j'ai ressenti un choc terrible, comme si je tombais dans un trou noir et sale", raconte-t-il.

Un premier témoignage fait surface avant la sortie du film

En mai 2023, Emmaüs France reçoit un témoignage d'une femme, identifiée comme "A" dans le rapport. Elle dénonce des attouchements qu'elle a subis alors qu'elle était mineure, ainsi qu'un baiser forcé à l'âge adulte, des expériences qu'elle doit encore surmonter aujourd'hui. Antoine Sueur, l'ancien président d'Emmaüs France, témoigne avoir rencontré cette femme en septembre 2023. Elle a évoqué son souhait de voir une enquête approfondie être menée, sentant qu'elle n'était pas la seule victime. Ce moment s'est révélé être un tournant pour l'organisation qui a alors décidé de lancer une enquête interne.

La promotion du film se poursuit malgré tout

Au moment de ces révélations, le film n'est pas encore sorti, mais il a déjà été présenté à Cannes avec des retours médiatiques positifs. Des membres d'Emmaüs participant à la promotion du film choisissent délibérément de ne pas alerter l'équipe de production sur les témoignages connus.

Les acteurs et l'équipe de production continuent donc de promouvoir le film, ignorant les événements troublants révélés par le témoignage d'A. Sur France Inter, Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre admet avoir été "bouleversé" par le film qui montre une fragilité humaine à travers l'abbé Pierre.

Un avenir incertain pour le film

"Je ne pense pas que nous aurions fait la même promotion si nous avions été informés", réagit Frédéric Tellier. Le film, dans son état actuel, ne peut plus être diffusé comme prévu, et Wassim Beji déclare que la situation des victimes est bien plus grave que d'éventuelles répercussions sur le film. Les projecteurs se tournent désormais sur les véritables histoires des victimes, laissant l'abbé Pierre et son héritage dans une zone grise.

Un message crucial sur la lutte contre le silence

Cette enquête souligne l'importance d'écouter et de croire les victimes, ainsi que le besoin urgent de garantir leur protection et leur dignité. Alors que le film "L’Abbé Pierre, une vie de combats" continue d'être promu, de nombreuses voix s'élèvent pour exiger que la vérité soit faite et que justice soit rendue. Au-delà de l’histoire d’un homme, c'est la vie de femmes courageuses qui mérite aujourd'hui toute notre attention.