ÉDITO. Les concessions de François Bayrou au Parti socialiste : quel coût réel ?
2025-01-17
Auteur: Julie
François Bayrou, le tout nouveau Premier ministre, a réussi à éviter la première motion de censure de son mandat. Mais à quel prix cette manœuvre a-t-elle été réalisée ?
En capitalisant sur le soutien du Parti socialiste (PS), Bayrou s'est engagé dans un jeu politique qui s'avère pour l'heure fructueux. Alors que la tension était quelque peu atténuée après l'annonce du Rassemblement National (RN) de ne pas soutenir la motion, il est essentiel de comprendre la dynamique en jeu. Même si le RN avait décidé de voter pour, ses 142 voix mêlées aux 131 votes favorables à la censure n'auraient pas suffi à provoquer une majorité. Cela marque une évolution intéressante : le PS devient désormais le acteur clé de l'équilibre politique, reléguant le RN au second plan. Cela est plutôt prometteur pour l'avenir politique de François Bayrou.
Cependant, la question des concessions faites pour obtenir ce soutien est cruciale. Combien cela a-t-il coûté ?
La réponse à cette question est complexe et se trouve en partie dans la lettre envoyée par le Premier ministre aux socialistes, une heure avant le début des débats à l'Assemblée, jeudi dernier. Cette missive décrivait les changements apportés au budget Barnier dans le but de séduire le PS.
Une facture "raisonnable"?
Le bilan des concessions est conséquent. D'un côté, les recettes, 21 milliards d'euros, étaient déjà intégrées au budget de décembre. La question se pose donc côté dépenses, qui a été modifié de manière significative. Voici les points saillants de cette liste de concessions :
1. **Réindexation des pensions** au 1er janvier : 3,6 milliards d’euros - un ajustement qui résulte davantage de la pression liée à la censure que d'un réel accord avec le PS ;
2. **Relèvement de l’ONDAM** : 1 milliard d'euros ;
3. **Suppression du ticket modérateur** sur les consultations médicales : 600 millions d'euros ;
4. **Annulation de deux jours de carences** dans la fonction publique : 300 millions d'euros ;
5. **Maintien des crédits pour l’Outremer** : 300 millions d'euros ;
6. **Abandon de la suppression de 4.000 postes d’enseignants** et création de 2.000 postes d’AESH : environ 200 millions d'euros ;
7. **Annulation de 500 suppressions de postes** à France Travail : entre 15 et 20 millions d'euros.
Si l'on additionne la réindexation des retraites, on atteint 6,5 milliards d'euros. Toutefois, si l'on l'exclut, le coût des concessions se chiffre plutôt autour de 2,5 milliards d'euros. Ce montant est compensé en partie, selon Bercy, par 1 milliard d'euros récupérables grâce aux mutuelles qui avaient augmenté leurs tarifs en prévision de la hausse finalement annulée du ticket modérateur.
En somme, la facture de ces concessions est jugée raisonnable, représentant moins de 1 % des dépenses pilotables de l'État, un coût modeste face aux 12 milliards d'euros estimés que pourrait engendrer une censure. Reste à voir si ces urgentes renoncements porteront leurs fruits sur le long terme, car l'instabilité politique demeure une menace omniprésente.