« EDF doit-il abandonner ses ambitions nucléaires internationales ? »
2025-01-20
Auteur: Philippe
Le départ de Thomas Piquemal et ses conséquences
Le 7 mars 2016, un choc retentissant secoue le secteur de l'énergie avec l'annonce du départ de Thomas Piquemal, le directeur financier d'EDF. En mai 2016, il évoque les raisons de sa démission, exprimant son « désespoir » face à la situation financière d'EDF, notamment en ce qui concerne le projet de centrale nucléaire à Hinkley Point C, au Royaume-Uni. Piquemal tentait de réunir des financements pour ce projet de 24,5 milliards d'euros, mais ses efforts se sont heurtés à des obstacles majeurs, hisse un moratoire de trois ans comme solution, sans succès.
Les défis financiers d'EDF aujourd'hui
De plus de huit ans après ces événements marquants, la question de la viabilité internationale d’EDF se pose avec acuité. L'entreprise est toujours engluée dans des problèmes financiers, comme le souligne un rapport de la Cour des comptes datant du 14 janvier 2024, intitulé « La filière EPR : une dynamique nouvelle, des risques persistants ». Le chantier de la centrale britannique a accumulé cinq ans de retard, et les coûts ont explosé, augmentant de 12 milliards d'euros depuis 2019. L’éventuel retrait du partenaire chinois CGN, en raison de tensions géopolitiques, exacerbe les défis financiers d'EDF, qui mentionne une « contrainte de financement préoccupante ».
La situation incertaine de Sizewell C
Quant au projet de Sizewell C, sa situation est encore plus floue. EDF devrait couvrir seulement 20 % des coûts, ayant demandé à exclure ce projet de son bilan. Le financement demeure incertain et pourrait faire grimper la facture à un époustouflant 47,6 milliards d'euros, une estimation jugée par Londres comme « spéculative ». La Cour des comptes met en garde EDF et l'État en insistant sur le fait qu'aucune décision d'investissement ne doit être prise avant que l'« exposition financière d'EDF dans Hinkley Point C » ne soit significativement réduite. Pierre Moscovici, le président de la Cour, affirme qu’EDF ne pourra pas gérer simultanément ces deux chantiers, une réalité qui soulève des questions sur la stratégie future du groupe.
Une question cruciale pour l'avenir d'EDF
Alors que la pression monte pour assurer la rentabilité de ses projets en cours, EDF doit donc sérieusement considérer la question : ses ambitions nucléaires à l'international sont-elles encore une option viable ? Avec les préoccupations croissantes concernant le financement, les retards et les surcoûts, la réponse à cette question pourrait bien déterminer l'avenir du géant français de l'énergie sur la scène mondiale.