Dix ans après les attentats de janvier 2015 : des chercheurs examinent la mémoire traumatique persistante
2025-01-10
Auteur: Jean
Le 7 janvier 2025, la France se souvient des tragiques attaques qui ont frappé Charlie Hebdo et causé la mort de 17 personnes. Dans un climat de recueillement, des bougies et des gerbes de fleurs sont déposées en hommage aux victimes des attentats de janvier 2015, tout en témoignant de la colère et de la douleur collective qui perdurent. Alors que les cérémonies de commémoration se succèdent, des scientifiques s'efforcent de comprendre comment ces événements ont laissé des marques profondes dans notre mémoire collective.
Des études, en particulier celles réalisées par le Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie (Crédoc), révèlent que les attentats de janvier 2015, associés à celui du Bataclan en novembre, sont les événements les plus marquants dans l'esprit des Français. Une enquête récente montre même que 42 % des répondants ayant exprimé des préoccupations sur le « vivre ensemble » citent les attaques de janvier comme marquantes, soit plus que la moyenne générale de 38 %.
Il est intéressant de noter que les commémorations, qu'elles concernent le 13 novembre ou les incidents de janvier, renforcent la mémoire des deux événements. Francis Eustache, neuroscientifique, explique que les enquêtes menées après des cérémonies montrent que les Français se souviennent davantage des attentats de janvier après les commémorations de novembre. Cela suggère une interconnexion entre ces événements tragiques, soulignant l'importance des rituels de mémoire dans le processus de résilience collective.
La mémoire de ces tragédies ne cesse de s'affiner avec le temps. Bien que janvier 2015 soit principalement associé à l'attaque de Charlie Hebdo, d'autres événements tragiques, comme la fusillade de Montrouge et les prises d'otages à l'Hyper Cacher, doivent également être commémorés. Pour remédier à cela, un projet de musée-mémorial du terrorisme est en cours, prévu pour s'ouvrir au Mont-Valérien, près de Paris, d'ici 2027 ou 2028. Ce musée aura pour but de retracer l'histoire du terrorisme en France, éclairant les différents événements qui ont bouleversé la société française, y compris les attaques moins souvent évoquées, comme celles de Toulouse et Montauban en 2012.
Henry Rousso, historien et président de la mission de préfiguration du musée, insiste sur l'importance de rappeler que trois attentats ont eu lieu en janvier 2015, chacun ayant son propre impact et sa propre signification. Une section du musée sera dédiée à la représentation des médias durant ces attaques, en évoquant les journalistes pris en otage ou tués.
Au-delà de l'aspect mémoriel, il est essentiel de souligner les conséquences psychologiques de ces événements. Les études révèlent que même une décennie après, les traumatismes persistent. Les chercheurs cherchent à comprendre comment la société française voit encore ces événements, comment ils affectent notre perception de la sécurité et de la solidarité au sein de la communauté. En redonnant vie à chaque histoire, chaque victime, nous espérons que cette mémoire collective évoluera vers une prise de conscience et une compréhension plus profondes des enjeux liés à la lutte contre le terrorisme.
La persistance de la mémoire traumatique est donc un enjeu crucial non seulement pour les victimes et leurs familles, mais pour toute la société. Alors que nous commémorons ces événements, il est impératif de favoriser un dialogue ouvert sur la mémoire, la résilience, et l'identité nationale post-traumatique.