Une nouvelle étude réalisée par Mobilians en collaboration avec TCG Conseil révèle des prévisions alarmantes pour le secteur de l'après-vente automobile d'ici 2030. Pour la première fois depuis 2018, cette étude prévoit une diminution marquée de 13 % du nombre de concessions automobiles en France, tandis que le nombre de véhicules sur les routes pourrait augmenter de 6 %, passant de 45 millions à 48 millions d’unités. Cette tendance est amplifiée par l'électrification croissante du parc automobile et le vieillissement des véhicules, qui pourrait avoir des conséquences profondes sur le marché de la réparation et de la maintenance.

Un réseau de concessions en déclin

Dans les années à venir, les concessions automobiles vont faire face à une réduction significative de leur nombre en raison de la stratégie des constructeurs visant à réduire les coûts de distribution. Selon Marc Bruschet, Président du secteur des concessionnaires VP chez Mobilians, cette situation pourrait entraîner une perte de clientèle pour les marques, rendant les concessionnaires plus vulnérables face à la concurrence des garages indépendants. En effet, ces derniers, regroupés en réseaux multimarques, pourraient profiter de la raréfaction géographique des concessions.

Electricité et rentabilité : la nouvelle équation

L'étude met également en lumière une corrélation surprenante entre l'augmentation des ventes de véhicules électriques et la diminution des opérations de réparations et de maintenance. Les véhicules électriques (BEV) génèrent en moyenne 50 % de revenus en moins en après-vente par rapport aux véhicules thermiques. Pour 76 % des utilisateurs, les coûts de service après-vente des modèles électriques sont inférieurs à ceux des thermiques. Toutefois, les possesseurs de BEV visitent moins souvent les concessionnaires, plaçant la nécessité de réorienter ces établissements vers des modèles de rentabilité plus adaptés.

Il est à noter que le marché des pneus pourrait devenir un axe stratégique crucial pour les concessionnaires, car les véhicules électriques provoquent une usure accrue de ceux-ci, estimée à 20 % de plus que sur les thermiques. Mobilians souligne que les pneus pourraient devenir la principale raison des visites en atelier. Actuellement, les concessionnaires n’exploitent pas pleinement ce créneau, mais des initiatives pourraient émerger, comme l’intégration des pneus dans les contrats d'entretien.

Des coûts qui augmentent, une demande hésitante

L'étude révèle aussi que, malgré une volonté croissante de verdir le parc automobile, seulement 11 % des automobilistes se disent prêts à adopter un véhicule électrique. La majorité, soit 51 %, rejette cette option, tandis que 38 % demeurent indécis. Face à ces incertitudes, Mobilians a élaboré deux scénarios futurs. Dans le premier, où 75 % des immatriculations nouvelles seraient des BEV, la valeur du marché de l'après-vente resterait stable, avec une hausse des coûts d'intervention, estimés à 389 €. Dans le second scénario, où les BEV représenteraient seulement 50 % du parc national en 2031, une progression de 1,6 % de la valeur du marché de réparation et de maintenance est prévue avec un coût par opération atteignant 392 €.

En somme, le secteur de l'après-vente automobile se dirige vers une transformation radicale, marquée par la diminution des concessions, l'essor des véhicules électriques, et des coûts de maintenance en constante augmentation. Les acteurs de ce marché devront s'adapter rapidement pour rester compétitifs dans cet environnement en pleine mutation.