Nation

Destitution d'Emmanuel Macron : La gauche face à un dilemme décisif

2024-09-16

Les membres de La France Insoumise (LFI) n'abdiquent pas. Malgré les réticences des autres partis sur la scène politique, la proposition de destitution d'Emmanuel Macron, qu'ils ont mise en avant, n'est pas simplement un fantasme. Selon Jean-Luc Mélenchon, le leader du mouvement, il est tout à fait possible de destituer le président. Lors d'une réunion à Valence, Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a affirmé que le rapport de forces au sein de l'Assemblée nationale est en faveur de la gauche : « Les macronistes ne représentent qu'un tiers des députés, il y a donc deux tiers qui ne soutiennent pas Emmanuel Macron. Acceptent-ils son autoritarisme ? »

La chef de file des députés LFI, Mathilde Panot, a encore dénoncé le « coup de force » d’Emmanuel Macron, soulignant la gravité de ses actions récentes.

Mais avant d'envisager une telle procédure, il existe une étape cruciale : le bureau de l’Assemblée nationale doit examiner la recevabilité de la démarche, selon l’article 68 de la Constitution. La majorité de gauche (12 sur 22 députés) pourrait donc enclencher le processus, une possibilité qui a été confirmée par Mathilde Panot : « Cette procédure est possible ».

Les partisans de la destitution estiment que le refus de Macron de nommer Lucie Castets comme Première ministre après la victoire du Nouveau Front Populaire aux législatives constitue un manquement à ses devoirs. Cependant, le soutien des trois députés socialistes au bureau reste incertain, car ils ont exprimé leur réticence vis-à-vis de cette initiative des Insoumis.

Les socialistes pourraient se retrouver dans une position délicate : soutenir cette initiative pourrait créer des tensions au sein de la gauche. Ils estiment que cette démarche a peu de chances de succès, un avis contredit par Mathilde Panot, qui a appelé à un débat démocratique.

Jean-Luc Mélenchon a même demandé aux socialistes de « ne pas bloquer » le processus, soulignant que leur acceptation pourrait entraîner un long chemin parlementaire. Si les représentants du PS décident d’appuyer leurs partenaires, cela pourrait jeter les bases d’une Haute Cour, composée de 22 parlementaires, chargée de juger la destitution de Macron. Cette décision nécessiterait les deux tiers des voix, tant à l'Assemblée qu'au Sénat.

Cependant, si les socialistes choisissent de rester en retrait, cela risque de renforcer la division au sein de la gauche et de freiner toute possibilité de changement. La situation demeure tendue et incertaine, et les yeux sont rivés sur les décisions qui seront prises lors de leur réunion imminente.