
«Des bouteilles à 200 dollars» : Les vins de Bourgogne menacés d'inaccessibilité aux États-Unis à cause des taxes de Trump ?
2025-03-17
Auteur: Marie
Les vignerons de Bourgogne sont en émoi face à la menace de droits de douane de 200% sur leurs vins, envisagée par le président américain Donald Trump. Damien Leclerc, directeur général de la coopérative La Chablisienne, avertit que cette décision pourrait transformer la commercialisation de leur célèbre vin blanc en un véritable calvaire pour les exportations vers les États-Unis. "On est pris en otages. Avec une augmentation de 200%, cela serait clairement une fin pour nos produits sur ce marché", déclare-t-il, entouré des immenses cuves inox où mûrit le chablis.
Thiébault Huber, président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), qualifie cette situation de "catastrophe" et met en garde : "Nos bouteilles pourraient atteindre des prix extravagants de 200 dollars." Selon lui, les vignerons de Bourgogne se sentent comme des victimes d'un conflit commercial qui les dépasse. "On a un sentiment amer et d’injustice. Nous sommes des victimes collatérales de tensions que nous n’avons pas créées", explique M. Delaunay, président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).
Les États-Unis représentent un marché crucial pour la Bourgogne, avec 23,5% du chiffre d'affaires des exportations viticoles en 2024, un chiffre en hausse notoire de 16% en volume et 26% en valeur pour cette même année. Le vin blanc, qui représente 63% des volumes exportés vers les États-Unis, a particulièrement bénéficié de cette dynamique. Les ventes de chablis, quant à elles, ont enregistré une augmentation de 9% en valeur au premier semestre de 2024.
Cependant, les producteurs s’inquiètent. Une hausse des droits de douane, même limitée à 25%, pourrait arrêter cette croissance et créer un "seuil psychologique" important. "Une bouteille dépasserait les trente dollars", indique M. Leclerc. Les vignerons redoutent que les mesures de Trump ne provoquent une réaction en chaîne, incitant les producteurs à diversifier leurs marchés. Huber conclut : "Mon domaine exporte à 60%, un quart vers les États-Unis. Si cela devait changer, je me tournerai vers d'autres marchés comme la Chine. Mais quand les États-Unis se rendront compte de la situation, nous n’aurons plus de vins à leur vendre."
En attendant, les vignerons de Bourgogne se battent pour sauvegarder leur héritage et leur savoir-faire, tout en espérant que les tensions politiques ne nuisent pas davantage à leur avenir sur le marché international.