La dépendance de l'Europe vis-à-vis du matériel militaire américain continue de susciter des débats intenses, surtout dans le contexte du réarmement en cours sur le continent. Un porte-parole du ministère allemand de la Défense a confirmé que Berlin n'a aucune intention de renoncer à sa commande de chasseurs F-35 auprès de Lockheed Martin.

En dépit des appels croissants à privilégier les entreprises européennes dans le domaine de la défense, l'Allemagne a affirmé sa détermination à maintenir cet engagement. Lors d'une conférence de presse le 21 mars, le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a souligné qu'il n’y avait pas de réunion d’urgence prévue, ni dans l’immédiat ni à l’avenir, pour discuter d'un possible retrait de cette commande.

Cette affirmation fait suite à des spéculations sur la fiabilité des équipements militaires américains, notamment dans le cadre de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le ministre Pistorius a prévu de consulter des générals et des experts militaires pour évaluer la sécurité des matériels américains déjà en usage, y compris les F-35, en vue d'un maintien ou d'un ajustement de l'approvisionnement militaire.

Concernant les préoccupations liées à un éventuel "kill switch" permettant aux États-Unis de désactiver les F-35 à distance, le porte-parole a rassuré que cette fonctionnalité n'existait pas. Toutefois, il a souligné que ces avions nécessitent des mises à jour logicielles régulières, ce qui soulève des questions sur leur autonomie opérationnelle.

L'Allemagne a décidé d'acquérir 35 F-35 après l'agression russe en 2022 afin de moderniser sa flotte vieillissante de Tornado. Cette décision intervient dans un contexte plus large, où des pays comme le Canada reconsidèrent également leurs achats d'équipements militaires, alors que les tensions géopolitiques persistent.

Il est important de noter que le F-35 est bien plus qu'un simple produit américain. Développé par un consortium de huit nations, ce chasseur est déjà utilisé ou sera prochainement intégré par 14 pays membres de l'OTAN, et 20 utilisateurs à l'échelle mondiale. Cette implication internationale souligne l'importance de la communauté d'utilisateurs dans la détermination de la valeur de cette plateforme. De plus, l'Allemagne a choisi le F-35 en raison de sa capacité à remplacer efficacement les Tornado en tant que vecteurs d'armes nucléaires américaines en Europe.

Friedrich Merz, figure montante de l'industrie de la défense allemande, a récemment mis en avant la nécessité d'investir massivement dans le réarmement et de privilégier les fournisseurs européens pour les futurs contrats de défense. Cette posture pourrait transformer le paysage de la défense européenne dans les années à venir, alors que la sécurité devient un sujet de préoccupation croissante.