DÉFICIT : Bercy établit un « comité scientifique » pour éviter un nouveau dérapage budgétaire
2024-11-14
Auteur: Philippe
Jamais plus un tel dérapage. Les prévisions budgétaires désastreuses de 2023, qui ont conduit à un saut du déficit de 4,4 % à 6,1 %, ont profondément marqué Bercy. Pour prévenir une répétition de cette situation, la nouvelle équipe dirigée par Antoine Armand, ministre de l’Économie, et Laurent Saint-Martin, ministre des Comptes publics, a décidé de créer un « comité scientifique » chargé d’élaborer un « plan d’action ».
Réuni pour la première fois ce jeudi matin avec les deux ministres, le comité aura pour mission d’« améliorer la qualité des prévisions macroéconomiques dans un environnement évolutif pouvant justifier des révisions méthodologiques ». Il devra également veiller à « rehausser la transparence budgétaire », notamment à destination des parlementaires.
Le comité est composé de huit experts de renom tels que Laurent Bach, professeur à l'Essec, et Olivier Garnier, économiste en chef à la Banque de France. Ils apporteront leurs compétences afin de revoir et affiner les méthodes de prévision, un enjeu crucial pour l’avenir économique de la France. Parmi eux, Camille Landais, professeur à la London School of Economics, et Valérie Plagnol, présidente du Cercle des épargnants, se pencheront eux aussi sur les défis économiques actuels.
Des collaborations avec l'Inspection Générale des Finances (IGF) ont également été évoquées pour comprendre l’écart majeur de 21 milliards d’euros entre les prévisions et la réalité. Selon l’IGF, 80 % de cette différence découle de facteurs externes inattendus, tels que des fluctuations macroéconomiques et des comportements imprévisibles des acteurs économiques. Le comité devra ainsi réfléchir à la révision de modèles de prévision qui ont montré leurs limites.
Un autre aspect majeur de cette initiative est la volonté de garantir une transparence accrue. Actuellement, le suivi des finances publiques est assuré mensuellement, mais Bercy vise à améliorer la compréhension de ces milliers de pages d’informations complexes. La clarté et l’intelligibilité des données financières doivent être renforcées, et le regard du comité sera précieux à cet égard.
Assurant qu’il ne s’agit en aucun cas de remettre en question la qualité du travail des services de Bercy, les ministres ont insisté sur le fait que les débats au sein du comité se dérouleront « sans tabou ». L’accès aux modèles de calcul utilisés, jugés obsolètes pour les prévisions budgétaires, sera également garanti. Les premières conclusions de ce comité scientifique sont attendues pour la mi-décembre, un moment crucial pour la gouvernance budgétaire française, alors que le pays cherche à améliorer sa situation financière dans un contexte économique mondial incertain.