Nation

Décès de Jean-François Kahn, cofondateur de l’hebdomadaire « Marianne »

2025-01-23

Auteur: Sophie

C’est avec une grande tristesse que nous annonçons la mort du journaliste et essayiste Jean-François Kahn, survenue à l’âge de 86 ans. La nouvelle a été confirmée par son épouse, Rachel Assouline-Kahn, et relayée par plusieurs médias le 23 janvier. Jean-François Kahn, une figure emblématique du journalisme français, a laissé une empreinte indélébile sur le paysage médiatique en fondant L'Événement du jeudi en 1984, avant de créer l'hebdomadaire Marianne en 1997 et d'en assurer la direction jusqu'en 2007.

Kahn a été influent au sein de Marianne même après son départ, continuant à écrire des tribunes et à suggérer des titres marquants. Son ancien collègue a souligné que « ce magazine était vraiment la créature de Kahn », attestant de l'impact de sa vision sur sa ligne éditoriale. Dans les premières années, Kahn écrivit même sous plusieurs pseudonymes, témoignant de son engagement et de sa polyvalence.

L’année 2024 avait vu Jean-François Kahn s’élever contre la potentielle vente de Marianne à Pierre-Edouard Stérin, un milliardaire aux opinions ultralibérales, soutenant que le magazine ne pouvait tomber entre les mains d’un homme qui ne partage pas les valeurs laïques et patriotiques. Sa voix a été entendue lorsque la vente a finalement échoué grâce à une large opposition des salariés de l’hebdomadaire.

Regardons de plus près le parcours de cet intellectuel, surnommé « JFK » par ses pairs. Kahn a toujours cherché à faire entendre sa voix, apportant son soutien aux candidatures de François Bayrou aux élections présidentielles de 2007 et 2012, convaincu qu’il était l’homme dont la France avait besoin. Il avait même cherché à entrer en politique en se présentant aux élections européennes de 2009 sur une liste MoDem, bien qu'il n'ait jamais officialisé son adhésion au parti.

Sa carrière s'est étendue sur quatre décennies, lui permettant de couvrir certains des conflits les plus marquants de l'histoire contemporaine, tels que la guerre d'Algérie et le Printemps de Prague. Sa plume ne se limitait pas à un seul média ; il a travaillé pour des publications renommées comme Le Monde, L’Express et Les Nouvelles littéraires. Kahn a également animé pendant plusieurs années l'émission de débats « Face à face » sur Europe 1, où il ne craignait pas d'exprimer ses opinions tranchées.

Cependant, sa carrière n’a pas été exempte de controverses. En 2011, ses commentaires sur l'affaire Strauss-Kahn lui ont valu des critiques sévères, et il a décidé de se retirer du paysage médiatique à ce moment-là. Nonobstant cela, son influence perdure, notamment avec ses publications récentes, dont son livre « Ne m’appelez plus jamais gauche », sorti l'année dernière, et un ouvrage en cours sur « le retour du fascisme », soulignant son engagement et son analyse critique des enjeux sociaux et politiques contemporains.

Jean-François Kahn était un véritable pilier du journalisme français, un écrivain passionné et un intellectuel engagé. Sa voix manquera sans aucun doute à notre paysage médiatique.