Dans « The Substance », Demi Moore dissèque le culte de la jeunesse avec une dose d'horreur saisissante
2024-11-06
Auteur: Emma
CINÉMA - Quand l'effroi croise l'esthétique désespérée de la jeunesse éternelle. Le film d'horreur « The Substance » de Coralie Fargeat, récompensé par le Prix du scénario lors du 77e Festival de Cannes, débarque dans les salles ce mercredi 6 novembre. Cette fable tragique et débridée explore les thèmes de l'âgisme et de la beauté obsessionnelle à travers le destin d'Elisabeth Sparkle, joué par Demi Moore, qui croise le chemin de Margaret Qualley.
À Hollywood, cette bataille contre le temps est une réalité déconcertante. Les stars, qu'elles soient riches ou célèbres, usent de la chirurgie esthétique et de traitements chers pour masquer les signes du vieillissement. Cependant, Coralie Fargeat propose une alternative peu conventionnelle dans « The Substance ».
Demi Moore incarne Elisabeth, une ancienne gloire du cinéma reconvertie dans le fitness, qui sombre dans la dépression après avoir été licenciée par son patron (interprété par Dennis Quaid) avec un cruel « À 50 ans, c'est fini ». Désespérée de retrouver sa jeunesse, elle découvre « The Substance », un procédé controversé lui permettant de créer un double, Sue, brillamment interprété par Margaret Qualley. L'arrière-plan de ce double jeu s'avère rapidement tragique.
Le concept est intrigant : les deux femmes échangent leurs vies pendant sept jours, mais la règle est stricte. Si l'une ne respecte pas le timing, les conséquences peuvent être dramatiques et inhumaines. Ce film s'aventure véritablement dans les entrailles de l'horreur, poursuivant un crescendo de gore et de choc, où chaque scène est amplifiée par des gros plans horrifiants.
Coralie Fargeat, connue pour son précédent film « Revenge », maîtrise bien son sujet. Les tensions s'accumulent dès les premières minutes tandis que les spectateurs sont confrontés à un déferlement d'images dérangeantes. La promesse d'un body horror débridé est ici mise à exécution.
Mais au-delà de la lavande d'hémoglobine, « The Substance » soulève un débat essentiel sur l'obsession de la jeunesse. Demi Moore, à 61 ans, fait preuve d'une puissance scénique indéniable, se dénudant physiquement et émotionnellement pour aborder des sujets de société qui lui tiennent à cœur. Dans une interview avec Le Guardian, elle a évoqué la brutalité à laquelle les femmes sont soumises dans l'industrie du cinéma, précisant : « On nous retire tout ce qui a du sens, et cette perte entraîne une violence personnelle. »
Ce film ne se contente pas d'être une critique de la vanité moderne, mais met également en lumière le rôle de la beauté dans la construction de l'identité féminine. Avec Margaret Qualley, qui a déjà fait ses preuves dans des rôles profonds, la réalisation souligne les contradictions d'une société qui valorise l'apparence et impose des normes inaccessibles.
Bien que certaines scènes puissent sembler excessives, « The Substance » pousse à la réflexion, encourageant les spectateurs à rire et à pleurer face à des situations absurdes. L'influence des grands classiques de l'horreur comme « La Mouche » de Cronenberg et « Carrie » de Brian de Palma se fait sentir, créant un univers qui oscille entre l'humour noir et la terreur.
En fin de compte, « The Substance » réussit son pari audacieux, tout en mettant en avant des problématiques sociétales toujours d'actualité. Préparez-vous : dernières séances de frissons garantis.