Sur la colline surplombant le bidonville de la Vigie à Mayotte, Fainoussa et Blanco sont assises à l’ombre d’un mur dans une grande cour, entourées de quelques enfants qui jouent autour d’elles. Ce lundi après-midi, leurs rires et leurs blagues rappellent l’époque d’avant la catastrophe qui a frappé leur communauté. Un an après le cyclone dévastateur, les deux femmes, toutes deux quadragénaires et actrices engagées dans leur quartier, continuent de faire preuve de résilience.

En octobre 2023, elles avaient déjà partagé leurs expériences avec Libération, évoquant leur rôle de relais communautaires au sein de l’ONG Santé Sud. Leurs efforts avaient été cruciaux pour aider les habitants à accéder à l’eau potable dans un environnement où les infrastructures sont souvent inexistantes.

La Vigie est l’un des plus anciens bidonvilles de Mayotte, où vivent plus de 7 000 personnes, majoritairement des Comoriens. Ces habitants se retrouvent souvent entassés dans des habitations précaires, construites en tôles et autres matériaux de récupération. Leurs vies avaient déjà été rythmées par une lutte constante pour la survie avant que le cyclone, surnommé « Chido » en hommage à son inéluctable impact, ne vienne bouleverser leur quotidien. Le 14 décembre dernier, Fainoussa a assisté à des scènes désolantes : sa cuisine a été emportée par le vent, tandis que l’eau a envahi sa maison, atteignant un mètre à l’intérieur de leurs chambres.

Blanco a également perdu son plafond, témoignant des dommages irréparables causés par le cyclone. Les souvenirs de ce jour tragique sont ancrés dans leur mémoire, les hantant à chaque moment de solitude. Aujourd’hui, elles travaillent ensemble pour reconstruire non seulement leurs maisons, mais aussi leurs vies, tout en soutenant leur communauté face aux défis quotidiens. Malgré les cicatrices du passé, elles demeurent pleines d’espoir, prêts à se battre pour un avenir meilleur.