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Crise politique en Allemagne : La coalition au pouvoir fait face à une rupture sans précédent

2024-11-07

Auteur: Michel

La coalition gouvernementale dirigée par le chancelier Olaf Scholz est désormais à l'agonie. Le renvoi de Christian Lindner, le ministre des Finances, le mercredi 6 novembre, a marqué la fin d'une alliance déjà fragile entre les sociaux-démocrates du SPD, les Verts et les libéraux du FDP. "Trop souvent, il a trahi ma confiance", a déclaré Olaf Scholz, révélant l'ampleur des tensions au sein de cette coalition.

Cette crise a conduit le FDP à retirer tous ses ministres du gouvernement, laissant Scholz sans majorité au Bundestag. En réponse à cette déstabilisation, le chancelier prévoit d'organiser un vote de confiance à mi-janvier, quelques mois avant les élections législatives prévues en mars. Pour certains analystes, ce timing soulève des interrogations : est-ce une réaction aux résultats électoraux récents aux États-Unis où Donald Trump a enregistré une victoire significative ? Selon Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes, cela ressemble plutôt à un "mauvais concours de circonstances", car des négociations avaient déjà été engagées la semaine précédente.

Des divergences budgétaires qui aggravent la crise

Les querelles au sein de la coalition ont été exacerbées par des désaccords fondamentaux sur la politique budgétaire. Alors que l'aile gauche aspirait à des investissements pour stimuler l'économie, les libéraux défendaient une approche axée sur l'austérité et la discipline budgétaire. Le ministre des Finances prônait un frein à l'endettement qui, selon Maurice, bloquait les initiatives écologiques et les investissements nécessaires à la défense, surtout dans le contexte actuel de crise provoquée par l'invasion de l'Ukraine.

L'économie allemande est également en difficulté, confrontée à une inflation croissante et une stagnation probable pour 2024. Des projets de réforme, y compris l'augmentation du salaire minimum et la transition énergétique, ont été entravés, exacerbant ainsi les frustrations au sein de la coalition.

Un document divulgué de 18 pages, dans lequel Lindner proposait la suppression de l'impôt de solidarité et le relâchement des objectifs climatiques, a agi comme un catalyseur de la rupture. Le député SPD Nils Schmid a critiqué ce document comme étant incompatible avec les accords de coalition.

Des relations au bord de l'effondrement

Le climat entre Scholz et Lindner s'est détérioré au point où le chancelier n'a pas hésité à qualifier son ancien allié d'"égoïste" et d'"irresponsable" lors d'une conférence de presse. Les tensions internes ne se sont pas limitées à des débats sur les politiques ; elles ont aussi mis en lumière une fracture culturelle croissante entre les partis. Lindner a exprimé des critiques acerbes sur les politiques économiques du chancelier, les qualifiant de "ternes".

Face à ces scandales, plusieurs ministres du FDP se sont résolus à quitter le gouvernement, ce qui laisse entrevoir une dislocation prolongée de la coalition. La base électorale du FDP, de son côté, s'est montrée de plus en plus critique vis-à-vis de l'alliance, avec 63% des électeurs ne s'opposant pas à une sortie de la coalition dans une enquête récente.

Cette crise pourrait avoir de lourdes conséquences, non seulement pour la coalition elle-même, mais aussi pour le paysage politique allemand à long terme. Les observateurs avertissent que cette rupture pourrait ouvrir la voie à de nouvelles dynamiques, rendant le climat politique encore plus incertain.