Nation

Crèches People & Baby : Anticor porte plainte face à l'inertie des pouvoirs publics

2024-11-12

Auteur: Chloé

L'association Anticor a formé, le mardi 12 novembre dernier à Paris, une plainte pour escroqueries et détournement de fonds publics contre le groupe de crèches privées People & Baby. Cette décision fait suite aux révélations d'une enquête menée par le journaliste Victor Castanet dans son ouvrage "Les Ogres". Paul Cassia, président d'Anticor, a souligné l'urgence d'agir face à l'inaction des autorités, pointant du doigt des problèmes graves tels que la maltraitance d'enfants et des violations du droit du travail.

Le livre de Victor Castanet, publié à la mi-septembre, dépeint un tableau alarmant de la gestion des crèches privées, mettant en exergue la "voracité" de certaines entreprises, dont People & Baby. Malgré la gravité des allégations, Cassia déplore le silence des pouvoirs publics, qui n'ont pas encore initié d'enquête. "Nous restons préoccupés par l'absence de réactions judiciaires face aux malversations mises en lumière," a-t-il ajouté.

L'avocat d'Anticor, Me Vincent Brengarth, a détaillé plusieurs infractions, notamment le détournement de l'allocation de chômage partiel pendant la crise du Covid-19, alors que 300 cadres continuaient de travailler. D’autres accusations concernent la falsification de la présence des enfants en crèche pour obtenir des subventions et des fraudes liées à des aides pour des travaux. Le montant total des fonds détournés pourrait atteindre au moins 2,1 millions d'euros.

Les conséquences de ces comportements s'étendent bien au-delà des chiffres. L'inspection générale des affaires sociales a alerté sur la qualité variable des crèches, certaines étant à la limite de la décence. En effet, il est apparu que certains établissements semblaient négligés, voire dangereux, comme en témoigne la tragédie de Lyon, où un bébé de 11 mois est décédé en 2022 dans une crèche privée.

Inès Bernard, déléguée générale d'Anticor, a fait remarquer que ces infractions ont des répercussions démocratiques et sociales majeures, soulevant des interrogations sur l'octroi de subventions sans contrôle adéquat. Actuellement, la France dispose de 460 000 places d'accueil en crèche, dont près de 27 % sont privées, le groupe People & Baby étant l'un des acteurs principaux.

Suite à ces événements, People & Baby, qui a écarté son ancien président Christophe Durieux au printemps dernier, a tenté de se distancer des pratiques dénoncées par Castanet, affirmant vouloir mener des audits indépendants pour rétablir la confiance et améliorer leurs services. Toutefois, l'ombre de ces accusations pourrait persister, suscitant des doutes sur l'intégrité de l'ensemble du secteur des crèches privées.