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Crise des opiacés : McKinsey accepte de verser 650 millions de dollars pour éviter des poursuites pénales

2024-12-13

Auteur: Chloé

Pour éviter un procès pénal lié à son implication dans la crise des opiacés, le cabinet de conseil américain McKinsey a consenti à verser 650 millions de dollars (environ 620 millions d'euros) dans le cadre d'un accord avec le gouvernement des États-Unis. Ce règlement, enregistré auprès d'un tribunal de Virginie, impose au cabinet une surveillance de cinq ans après avoir admis avoir conseillé des entreprises pharmaceutiques, dont Purdue Pharma, fabricant de l'analgésique OxyContin, un médicament au cœur de cette crise sanitaire.

Depuis 2019, McKinsey a déjà débourisé près d'un milliard de dollars pour divers règlements, dont plus de 640 millions dans des accords avec les cinquante États américains. En parallèle, le groupe a également été sanctionné par la Securities Exchange Commission (SEC) pour des contrôles internes insuffisants. L'entreprise a reconnu avoir « intentionnellement conspiré » avec Purdue Pharma et d'autres pour diffuser des informations trompeuses sur les médicaments prescrits.

Un haut responsable de McKinsey a été impliqué dans la destruction et la dissimulation de documents pour entraver les enquêtes, ce qui a conduit au licenciement rapide de deux employés au début du scandale.

La déclaration de McKinsey a exprimé des regrets profonds quant à leur rôle dans cette crise de santé publique, soulignant que leur assistance à Purdue Pharma entraînera toujours des remords. Chris Kavanaugh, procureur général de Virginie, a noté que McKinsey représentait le premier cabinet de conseil à être tenu pénalement responsable de conseils ayant conduit à des crimes par ses clients.

Dans l'accord, bien que McKinsey n'ait pas bénéficié de clémence de la part des autorités américaines pour ne pas avoir divulgué immédiatement les faits, sa coopération ultérieure a atténué quelque peu les conséquences. Le cabinet s'est engagé à ne plus conseiller d'entreprises sur des opiacés ou d'autres substances narcotiques, une mesure qui témoigne de leur volonté de modifier leurs pratiques commerciales.

Des accusations lourdes pèsent également sur Purdue Pharma, qui, en raison d'une avalanche de poursuites, a déclaré faillite en 2019. Cependant, son plan de restructuration a été rejeté par les tribunaux, la Cour suprême ayant annulé une proposition qui aurait permis à la famille Sackler, propriétaire de Purdue, de se soustraire à des poursuites futures. Les Sackler sont accusés d'avoir développé une stratégie agressive de promotion de l'OxyContin, malgré sa nature hautement addictive, générant des milliards de dollars de profits dans le processus.

D'après les données des Centers for Disease Control and Prevention (CDC), plus de 700 000 personnes ont perdu la vie entre 1999 et 2022 à cause d'overdoses d'opiacés, que ce soit par prescription ou de manière illégale. En 2023, une lueur d'espoir semble émerger : le nombre de décès liés aux opiacés (principalement par le fentanyl) a connu une baisse pour la première fois depuis 2018, avec 81 083 décès, contre 84 181 l'année précédente.

La crise des opiacés a également impliqué de grands distributeurs de médicaments tels que CVS, Walgreens, et Walmart, qui font face à des poursuites en raison de leur rôle dans cette tragédie sanitaire. Le combat pour la justice et la réparation des dommages causés par cette crise se poursuit alors que les familles des victimes cherchent des comptes de la part des entreprises et des organismes qui ont contribué à cette pandémie d'overdose.