
Covid-19, Ukraine, défense, économie... Comment la succession des crises transforme la construction européenne
2025-03-16
Auteur: Marie
Qui se rappelle du mardi 21 juillet 2020 ? Emmanuel Macron avait qualifié ce jour de "historique pour l'Europe". L'Union européenne a en effet adopté un plan de relance massif de 750 milliards d'euros pour surmonter la crise causée par la pandémie de Covid-19. Les Vingt-Sept ont décidé d'emprunter ensemble, malgré les réticences initiales des pays scandinaves et de l'Allemagne, qui ont été rapidement dissipées face à ce "choc économique sans précédent", selon la Commission européenne.
Cet emprunt commun a été perçu comme un grand pas en avant, symbolisant une période charnière pour l'UE, qui a rapidement pris des décisions jugées impensables quelques années auparavant. Cinq ans plus tard, l'Union se retrouve à un nouveau tournant décisif, en réaction à la menace russe et la politique imprévisible de Donald Trump.
L'achat collectif de vaccins a été une véritable révolution. Avec l'apparition du Sars-CoV-2, la pandémie a d'abord frappé l'Italie et s'est rapidement étendue à tout le continent. Les pays européens, paralysés par la peur, ont fermé leurs frontières, entraînant une réponse désordonnée. Cependant, l'UE, critiquée pour son manque de coordination initial, a rapidement mis en place des discussions sur des solutions collectives, notamment le plan de relance baptisé "NextGenerationEU" et une stratégie vaccinale qui a permis d'acheter des vaccins anti-Covid pour l'ensemble du bloc.
Au fil de l'année 2021, bien que critiquée pour sa lenteur de réaction face à d'autres nations comme le Royaume-Uni, l'UE s'est finalement avérée efficace en négociant des vaccins de Pfizer-BioNTech et Moderna à des prix compétitifs. À la fin 2021, près de 952 millions de doses avaient été livrées, ce qui a permis de vacciner 80 % de la population adulte de l'UE, un chiffre largement comparable à celui du Royaume-Uni.
La réponse de l'UE a été perçue de manière plus tangible grâce à la pandémie. Un nouveau cycle s'est ouvert dans la perception publique de l'Union. Alors qu'auparavant, l'UE était souvent considérée comme éloignée et bureaucratique, la crise du Covid-19 a montré la nécessité d'une solidarité qui a été perçue comme bénéfique pour éviter des rivalités entre États membres.
Malgré les critiques qui persistent, il semble qu'une majorité de citoyens européens soutiennent que certaines politiques, telles que la défense, devraient être gérées au niveau de l'UE. Les enquêtes révèlent une confiance croissante envers l'Union, avec 51 % des Européens exprimant leur soutien, un niveau jamais atteint depuis 2007. L'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 a encore renforcé cette exigence de protection, incitant l'UE à agir de manière plus collective en matière de défense et de sécurité.
Sous l'influence des crises récentes, l'UE a mis à profit les leçons tirées du Covid-19 pour répondre aux besoins géopolitiques actuels. La Commission, dirigée par la présidente Ursula von der Leyen, a démontré une réactivité rapide, par exemple en fournissant des armes à l'Ukraine sans avoir à modifier son budget général. Depuis le début de la guerre, l'UE a engagé près de 145 milliards de dollars d'aide à Kiev et a imposé plusieurs paquets de sanctions contre la Russie.
Cependant, ce sera la réponse à l'électrochoc politique apporté par la présidence de Donald Trump qui déterminera la suite. Les décisions récentes de Washington ont provoqué une prise de conscience en Europe quant à la nécessité d'une défense autonome. Des pays comme l'Allemagne envisagent d'importants investissements dans leur défense, ce qui pourrait renforcer le rôle de l'UE en tant qu'acteur diplomatique autonome.
Néanmoins, la montée de l'extrême droite dans certains États membres pourrait menacer cette unité. La capacité d'action des Vingt-Sept dépendra donc de leur volonté collective de s'accorder sur des questions fondamentales, surtout dans un contexte où les intérêts nationaux semblent parfois contrecarrer la solidarité européenne.