Costa-Gavras et la Cinémathèque : Un Mea Culpa Retentissant après l'Annulation de « Dernier Tango à Paris »
2025-01-16
Auteur: Emma
Le jeudi 16 janvier, les dirigeants de la Cinémathèque française ont présenté des excuses lors d'une audition devant la commission parlementaire sur les violences sexuelles, suite à l'annulation d'une projection du film emblématique « Dernier Tango à Paris ».
Cette projection, prévue en décembre dernier, avait été annulée à la dernière minute en raison des critiques virulentes provenant d'associations féministes. Le film de 1972, réalisé par Bernardo Bertolucci, inclut une scène controversée impliquant un acte sexuel sans le consentement de l'actrice Maria Schneider, ce qui a suscité un tollé général.
Costa-Gavras, cinéaste renommé et président de la Cinémathèque, a reconnu que la décision de projeter ce film sans fournir de contexte approprié a entraîné une réaction considérable. "C'était une grave erreur de notre part", a-t-il déclaré devant l'Assemblée nationale. "Nous n'avons pas associé ce film à son histoire troublante et aux blessures qu'il inflige aux victimes de violences sexuelles."
Il a également ajouté : "Il aurait été essentiel d'organiser une discussion approfondie avant la projection, afin d'expliquer les enjeux qui entourent l'œuvre et d'honorer la mémoire de Maria Schneider, dont la vie personnelle a été gravement affectée par cette expérience."
Frédéric Bonnaud, directeur général de la Cinémathèque, et Jean-François Rauger, son programmateur, ont également admis leurs erreurs tout en plaidant pour la nécessité de parler d'œuvres importantes, même celles qui soulèvent des controverses.
Bonnaud a laissé entendre que, pour l'avenir, la Cinémathèque a l'intention d'accompagner la projection de films sensibles avec des experts, afin d'assurer une présentation respectueuse. "Nous devons prendre en compte les conséquences que les perceptions culturelles et sociétales peuvent avoir sur ces œuvres au fil du temps. Il est impératif de respecter la voix des victimes et de sensibiliser le public au passif souvent douloureux de certains films."
Cette annonce arrive à un moment crucial où la société française se réinterroge sur ses représentations culturelles et artistiques, notamment à la lumière de mouvements récents visant à dénoncer les violences d'un passé souvent minimisé. La réaction du public et des associations de lutte pour les droits des femmes continuera de peser dans les décisions futures de la Cinémathèque et d'autres institutions culturelles.