Comment les neurones parviennent-ils à encoder les souvenirs d'événements vécus et les intégrer dans notre parcours de vie ? Une étude révolutionnaire publiée le 6 novembre dans la revue Nature lève le voile sur ces mécanismes fascinants.

Des chercheurs de l’école de médecine du Mont Sinaï, à New York, se sont penchés sur la question de l’intégration des souvenirs récents à l’expérience de vie. Leur étude a été menée sur des souris adultes, qui ont dû se souvenir d'une expérience stressante : recevoir un léger choc électrique sur une patte. En apprenant à associer ce choc à un environnement spatial spécifique, les rongeurs ont rapidement compris qu’ils ne subiront aucun choc dans une pièce triangulaire bleue, mais seulement dans une pièce rectangulaire rouge.

Pour analyser le processus, les chercheurs ont suivi l'activité neuronale à deux moments : pendant l'apprentissage de cette expérience désagréable et quelques minutes après, période durant laquelle les souris étaient au repos, en état de « veille calme ». Grâce à une technique d'imagerie calcique, qui utilise des virus pour faire émettre une protéine fluorescente aux neurones, ils ont pu mesurer l’activité neuronale par l’analyse des changements de fluorescence, indiquant ainsi l’activation neuronale en fonction des ions calcium présents.

Focalisant leur étude sur l'hippocampe, la région cérébrale cruciale pour le stockage des mémoires, les chercheurs ont fait une découverte fascinante. Quelques minutes après l’expérience, lorsque la souris est au repos, son cerveau « rejoue » en quelque sorte ce qu’elle vient de vivre. En effet, le circuit neuronal qui a enregistré l’expérience est réactivé.

Ce phénomène n'est pas tout à fait nouveau. Des recherches menées en 1989 et en 1994 avaient déjà démontré que les neurones encodant un souvenir pouvaient se raviver au cours du sommeil. En 2006 et 2007, des scientifiques ont également constaté que ces neurones pouvaient être réactivés durant des périodes de veille, notamment au moment de l’acquisition du souvenir et peu après.

Cette étude laisse entrevoir des implications passionnantes pour la compréhension de la mémoire humaine et son évolution au fil du temps. Cela pourrait ouvrir de nouvelles voies pour traiter des troubles de la mémoire, comme ceux liés à des maladies dégénératives telles que la maladie d'Alzheimer. En effet, comprendre comment nos souvenirs s'installent et se développent pourrait aider les chercheurs à concevoir des thérapies innovantes en neurologie.

Restez à l'affût, car la recherche sur la mémoire pourrait bien nous offrir des révélations encore plus étonnantes dans les mois à venir!