En réponse au dernier décret controversé de Donald Trump, qui a une fois de plus constitué un affront à Pékin, la Chine a imposé de nouveaux droits de douane à partir de lundi sur divers produits agricoles américains. Cette décision marque une escalade significative dans la guerre commerciale déjà tendue entre les deux pays.

Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, le président américain a multiplié les annonces de taxes douanières visant ses principaux partenaires commerciaux, dont la Chine, le Canada et le Mexique. Ces mesures sont justifiées par une volonté de lutter contre l’immigration illégale et le trafic de fentanyl, problèmes que Trump accuse ces pays de ne pas gérer correctement.

La Chine, quant à elle, est le pays dont les excédents commerciaux envers les États-Unis sont les plus élevés. Après avoir instauré des droits de douane supplémentaires de 10 % sur les produits chinois, Trump a récemment décidé d'augmenter cette taxe à 20 %.

À peine le décret annoncé, la riposte chinoise ne s'est pas fait attendre. Du poulet au blé, en passant par le maïs et le coton, les produits agricoles américains importés en Chine subiront des augmentations de droits de douane s'élevant à 15 %. D'autres produits comme le sorgho, le soja, le porc, ainsi que divers fruits et légumes verront une augmentation plus modérée de 10 %.

Selon des économistes, cette mesure pourrait également viser directement l'électorat du milliardaire républicain, tout en gardant une certaine modération qui permettrait d'envisager un compromis commercial à l'avenir.

Les tensions entre les États-Unis et la Chine se superposent à des défis déjà importants pour l'économie chinoise, frappée par une consommation en berne, une crise immobilière persistante et un désastreux taux de chômage chez les jeunes. Les nouvelles taxes américaines pourraient également avoir un impact dévastateur sur les exportations chinoises, un moteur essentiel de la croissance économique l'année précédente.

Il est important de noter que les conséquences des taxes américaines risquent de ne pas être immédiates, mais elles sont déjà visibles dans le ralentissement des exportations chinoises, qui n’ont augmenté que de 2,3 % sur un an en janvier et février, un chiffre bien en dessous des 10,7 % enregistrés en décembre.

Zhiwei Zhang, président de Pinpoint Asset Management, appelle à une politique économique plus proactive face à ces défis croissants. Alors que les tensions commerciales continuent de s'intensifier, la Chine se prépare à son événement politique majeur de l'année, les "Deux Sessions", où des milliers de délégués se rencontrent à Pékin.

Lors de cet événement, le Premier ministre Li Qiang a exposé la stratégie économique du gouvernement pour 2025, soulignant un "environnement externe de plus en plus complexe". Il a également fixé un objectif de croissance de "environ 5 %" pour l'année à venir, le même que celui de 2024, un objectif que de nombreux économistes jugent ambitieux compte tenu des défis économiques.

Enfin, Julian Evans-Pritchard de Capital Economics note que si les dépenses publiques augmentent rapidement, cela pourrait atténuer temporairement les effets négatifs des droits de douane. Cependant, les vents contraires persistent, et il reste à voir si un soutien fiscal pourra réellement fournir un élan durable à l'économie.