La Chine continue de se positionner comme un géant sur la scène énergétique mondiale. Alors que la demande en électricité ne cesse d'augmenter avec une population croissante et une industrialisation accélérée, le gouvernement chinois a récemment donné le feu vert à la construction du barrage hydroélectrique le plus puissant au monde, qui aura une capacité impressionnante de 60 gigawatts (GW). Ce projet ambitieux sera érigé sur le fleuve Yarlung Tsangpo, connu également sous le nom de Brahmapoutre.

Ce barrage colossal ne sera pas seulement le plus puissant, dépassant ainsi le célèbre barrage des Trois Gorges, qui a une puissance de 22,5 GW, mais également un symbole fort des aspirations de la Chine en matière d'énergies renouvelables. Sa capacité de production pourrait atteindre près de 300 térawattheures (TWh) par an, équivalant à l'énergie générée par 23 réacteurs nucléaires de type EPR. Associé à la réduction de la dépendance au charbon, qui constitue encore plus de 60 % de son mix énergétique, ce projet pourrait également renforcer la position de la Chine sur la scène internationale en tant que leader des énergies renouvelables.

Cependant, cette avancée technologique soulève de nombreuses préoccupations. Les enjeux environnementaux sont considérables, notamment en ce qui concerne la biodiversité menacée par la construction de barrages de grande envergure. Les écosystèmes fluviaux pourraient être gravement perturbés, affectant les pays en aval tels que l'Inde et le Bangladesh, qui craignent des répercussions sur leur propre approvisionnement en eau et leur biodiversité. De plus, le déplacement prévu de populations locales, rappelant les conséquences du barrage des Trois Gorges, alimente les craintes d'une crise humanitaire et d'atteintes aux droits de l'Homme.

Le projet de barrage de Motuo est également encadré par des considérations géopolitiques. Avec des tensions existantes entre la Chine, l'Inde et d'autres pays voisins en raison du partage des ressources en eau, la construction de ce barrage pourrait exacerber les conflits sur l'accès à l'eau. La complexité de ces enjeux souligne la nécessité d'une approche équilibrée entre développement énergétique et protection de l'environnement, ainsi que le respect des droits des populations locales.

En comparaison, d'autres projets hydroélectriques dans le monde, comme ceux d'Itaipu au Brésil et Belo Monte, montrent bien le dilemme auquel font face de nombreux gouvernements dans leur quête d'énergie verte. Alors que le barrage de Motuo s'annonce comme une étape cruciale vers un avenir énergétique plus durable pour la Chine, il est essentiel d'explorer comment cet exploit pourra être réalisé sans compromettre l'intégrité environnementale ni les droits sociaux des millions de personnes potentiellement affectées. Ce chantier pourrait bien s'inscrire dans le débat global sur les infrastructures énergétiques durables, appelant à une réflexion sur la manière d'harmoniser les ambitions économiques avec la nécessité d'une engagement éthique envers nos ressources et nos concitoyens.