« C’est la défaite la plus totale » : l’angoisse grandissante des habitants de l’immeuble évacué à Échirolles à cause du trafic de drogue
2024-09-26
Auteur: Philippe
L'immeuble Le Carrare, bien que son apparence semble soignée avec sa façade aux teintes grises, cache un véritable fléau à l'intérieur. Situé sur l'avenue principale d'Échirolles, à quelques pas de tramways et d'un quartier animé, ce bâtiment est devenu un haut-lieu du trafic de drogue. Les autorités ont été contraintes d'évacuer les habitants avant le vendredi, mettant en avant des dangers graves tels que des risques d'incendie et des problèmes électriques en raison des activités illégales qui s'y déroulent.
En dehors de sa façade agréable, le bâtiment, haut de cinq étages, montre des signes alarmants de délabrement. Les traces qui ressemblent à des impacts de balle sur les murs et les installations électriques mal entretenues témoignent d'une zone devenue insécure. Les escaliers sont remplis de détritus et de graffitis, créant une atmosphère oppressante pour ceux qui y vivent encore.
Abdel, un des résidents, exprime son incompréhension et sa colère face à l'évacuation brusque : « Je suis citoyen français, je paie mes impôts, je n’ai pas d’APL, je n’ai pas de casier, et on me demande de tout laisser du jour au lendemain ! » Malgré son indignation, il admet avoir été témoin de violences liées au trafic, y compris des coups de feu. « Il y a deux mois, j’ai entendu des coups de feu. Un homme a été blessé, il y avait du sang ici même, » raconte-t-il, indiquant l'endroit de l'incident avec une tristesse résignée.
Quelque 80 appartements peuplent l'immeuble, mais une grande majorité sont désormais vides. Les étudiants de la voisine école de journalisme, qui avaient prévu d'y vivre, envisagent maintenant de quitter les lieux, alors que la mairie est toute proche, à quelques pas de ce chaos.
Nour-Eddine, responsable du syndicat des copropriétaires, partage la frustration d'Abdel. Il souligne que cela fait des années que la situation empire, transformant l'immeuble en un véritable point de deal. « Pourquoi la loi n'est-elle pas appliquée ? Cela fait des années que nous souffrons d'une situation insoutenable, » s'énerve-t-il. Il déplore également le fait que des jeunes continuent à revenir après avoir été expulsés par la police, questionnant la volonté politique de lutter sérieusement contre le trafic de drogue.
Les autorités locales essaient de rassurer les habitants. La maire, Amandine Demore, a déclaré qu'un accompagnement social et un relogement temporaire seraient mis en place, garantissant que « personne ne sera à la rue ». Cependant, la méfiance reste palpable. Nombreux sont ceux qui doutent de la sincérité de ces promesses, rappelant que les problèmes persistent malgré la présence policière.
Des squats fleurissent dans certains appartements, transformés en lieux de vente de drogue. Nour-Eddine évoque même un « drive » de drogue, où le trafic s'opère par un trou dans le mur d'un studio. Les seringues traînent dans les couloirs, illustrant l'ampleur du phénomène à l'intérieur et autour de l'immeuble.
Les habitants vivent dans la peur constante. Malgré les interventions de la police, qui procède régulièrement à des arrestations, la réalité quotidienne est marquée par la résilience des dealers. Pour beaucoup, l'idée d'une Échirolles tranquille semble irréelle. Une résidente de 70 ans, habitant le quartier depuis des décennies, témoigne : « Cela fait dix ans que c’est devenu n’importe quoi. Mais où irais-je ? Je suis ici chez moi. »
Alors que les autorités affirment leur volonté de rétablir l'ordre, le sentiment d'abandon persiste au sein de cette communauté, qui attend des actes concrets pour résoudre un problème se révélant de plus en plus insoluble.