Les fans d'oiseaux peuvent se réjouir : leurs précieux volatiles ne seront pas bientôt détrônés. En matière de migration, aucune autre espèce ne peut rivaliser avec les sternes arctiques et les puffins fuligineux, dont certaines migrations atteignent, voire dépassent, les 30 000 kilomètres. Cependant, un article publié par une équipe allemande dans la revue **Science** du 2 janvier met en lumière un fait moins connu : d'autres animaux volants migrent aussi, et, fait surprenant, ils savent tirer parti des vents portants pour économiser leur énergie.

Le héros de cette découverte est une chauve-souris, mais pas n'importe laquelle. Sur les 1 400 espèces de chiroptères recensées dans le monde, seulement une petite trentaine migrent, dont six en Europe. Parmi elles, la noctule commune. Fait fascinant, seules les femelles de cette espèce s'envolent pour migrer. Ce phénomène incroyable est le résultat d'un cycle de vie bien orchestré : à la fin de l'été, ces femelles atteignent leurs sites d'hivernage où elles s'accouplent et stockent le sperme dans des poches utérines avant de plonger dans une hibernation profonde. Au printemps, elles se réveillent pour fertiliser leurs œufs et, à ce moment, elles commencent à prendre du poids, abandonnant les mâles avant de migrer vers leurs sites de reproduction estivaux, tout en étant déjà enceintes. Là, elles donneront naissance, élèveront leurs petits, et se prépareront à recommencer ce cycle remarquable.

Ce comportement migratoire, bien que moins connu que celui des oiseaux, soulève des questions passionnantes sur l'adaptabilité des chauves-souris et leurs stratégies de survie face au changement climatique. Les chercheurs se penchent désormais sur l'impact des conditions météorologiques sur leur migration et leur reproduction. Alors, la prochaine fois que vous entendrez des chauves-souris batifoler dans la nuit, rappelez-vous qu'elles sont aussi des migrantes aguerries, surfant sur les courants chauds, et que leur histoire mérite d'être racontée.