Dans une tournure inattendue, Mark Carney, 59 ans, un éminent banquier mondial, a été élu à la tête du Parti libéral canadien, prenant ainsi la relève de Justin Trudeau, dont la popularité a fortement chuté ces dernières années. Après la démission de Trudeau en janvier, Carney a remporté une bataille acharnée contre Chrystia Freeland, ancienne ministre des Finances, et malgré leur proximité personnelle — Carney étant le parrain du fils de Freeland — il a su séduire les électeurs avec un message audacieux et une vision pragmatique.

Sa victoire peut être largement attribuée à son image de novice en politique, contrastant avec la carrière politique bien établie de Freeland. Ancien gouverneur de la Banque du Canada pendant la crise financière de 2008-2012 et par la suite de la Banque d'Angleterre, Carney a su naviguer dans les eaux troubles de l'économie mondiale avec efficience. Son approche technologique et ses solutions innovantes en matière de logement, telles que la promotion de maisons préfabriquées à coût abordable, répondent à des préoccupations sociétales pressantes, notamment la crise du logement qui touche de nombreux Canadiens.

Mark Carney, originaire de Fort Smith, au Canada, a étudié à Harvard et à Oxford avant de passer treize ans chez Goldman Sachs. Ce parcours atypique lui a conféré le surnom de "Georges Clooney de la finance", en raison de son charisme et de son aptitude à gérer des situations complexes. Toutefois, il doit faire face à un défi de taille pour conserver son poste à travers les élections générales. Initialement prévues pour avril ou mai 2024, ces élections pourraient être avancées jusqu'en octobre, et Carney devra affronter Pierre Poilievre, un candidat ultraconservateur.

Pour contrer Poilievre, Carney a déjà modifié son programme en abandonnant certaines politiques impopulaires, comme la taxe carbone sur les ménages, et en se positionnant sur des thèmes qui séduisent les électeurs. Son approche pragmatique et sa volonté de redynamiser l'économie tout en abordant des questions environnementales font de lui un candidat redoutable.

En parallèle, Carney a la fermeté de répondre à la menace de Donald Trump, dont les récentes actions commerciales vis-à-vis du Canada suscitent des inquiétudes. Selon un sondage de l'institut Angus Reid la semaine dernière, il est le choix préféré des Canadiens pour faire face au président américain, avec 43% des sondés le soutenant contre 34% pour Poilievre. Avec une telle dynamique, l'avenir politique de Carney semble prometteur, à condition qu'il parvienne à maintenir son cap face aux défis à venir.