Nation

Budget 2025 : François Bayrou dégaine des amendements inattendus au Sénat

2025-01-22

Auteur: Michel

Le Sénat se prépare à voter ce jeudi un budget qui pourrait marquer un tournant dans la gestion des finances publiques françaises. Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics, a annoncé une réduction de 2 % du budget de l'État par rapport à 2024, une première dans l’histoire récente. Ce projet de loi de finances, différent de celui proposé par Michel Barnier avant son départ, est jugé encore plus austéritaire.

Les sénateurs, comme le communiste Pascal Savoldelli, déplorent le processus précipité de l'exécutif : « L’exécutif dépose des amendements sans prévenir, jusqu’au dernier moment », s'inquiète-t-il. L'urgence des amendements va à une vitesse jusqu’alors inconnue, ce qui complique considérablement les discussions, selon l'élu Les Républicains Olivier Paccaud.

L’amendement controversé prévoyant la suppression de 500 millions d’euros de la mission France 2030, axée sur la réindustrialisation du pays, a été déposé à une heure très avancée, juste avant un examen programmé le lendemain. Cela soulève des questions sur l’impact de ces décisions à court et long terme.

François Bayrou choisit plutôt de modifier en profondeur le budget établi par Michel Barnier, sans introduire de nouvelles recettes. Pour atteindre un objectif de déficit de 5,4 % par rapport au PIB, l’exécutif limite ses propositions aux réductions des dépenses publiques. Les baisses de dépenses sont justifiées par le simple besoin de respecter « le cadre des mesures pour atteindre 5 % du PIB », au détriment de projets cruciaux.

Parmi les coupes, l’aide publique au développement perdra 700 millions d’euros, ce qui engendre des inquiétudes sur son rôle essentiel pour la transition écologique, tout comme les 1,3 milliard d’euros coupés dans la mission écologie et développement durable, et 600 millions dans l’enseignement supérieur et la recherche. Thomas Dossus souligne que ces mesures ralentiront des projets déjà engagés.

Des coupes dans l’enseignement scolaire s’élèvent aussi à 1,3 milliard d’euros, alors que la politique fiscale en vigueur depuis 2017 a entraîné une perte de 60 milliards d’euros de recettes annuelles, favorisant davantage les hauts revenus. Cela soulève des interrogations sur l’équité et la durabilité de ce budget, qui semble préparer une certaine part de la population française, laissant de côté le reste.

La discussion politique est entravée, avec un parlement qui ne peut même pas achever son travail sur le budget. En conséquence, le budget préparé par le gouvernement n'apportera aucun nouveau droit pour les citoyens. Les collectivités territoriales doivent également s'attendre à des milliards d’euros de pertes, amplifiant les inquiétudes quant au fonctionnement des services publics à l’avenir.

Le texte sera ensuite transmis au 30 janvier à une commission mixte paritaire, composée de députés et de sénateurs, où l'exécutif maintiendra le contrôle sur les amendements. Un vote final sur le budget conclura ce processus, qui pourrait aussi être accompagné d'une motion de censure.

François Bayrou fait face à la tâche délicate de convaincre, soit du côté de la gauche, où les relations sont tendues, soit du côté du Rassemblement national, afin d’obtenir les soutiens nécessaires, ce qui s'annonce complexe.