Boxe : "Un sport gouverné par des pleutres" - Estelle Mossely renonce à la présidence de la Fédération française
2024-12-12
Auteur: Pierre
Après des semaines de tensions et une campagne électorale tumultueuse, Estelle Mossely a été officiellement écartée de la course à la présidence de la Fédération française de boxe. Le verdict du tribunal de Bobigny, rendu le jeudi 12 décembre, a confirmé l'invalidation de sa liste électorale, laissant le président sortant Dominique Nato comme unique candidat pour le scrutin programmé ce samedi.
Mossely, 32 ans, avait conduit la seule liste d'opposition à celle de Nato, qui occupe ce poste depuis 2021. Cependant, la candidature de la championne olympique de Rio a été rejetée mi-novembre par la Commission de surveillance des opérations électorales (CSOE) au motif qu'une candidate sur sa liste ne remplissait pas les conditions de validité de sa licence.
En dépit de cette situation, Mossely a continué sa campagne et a fait appel auprès du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) pour une conciliation. Malheureusement, sa demande a été rejetée au début du mois de décembre. Sur cette impasse, elle a tenté de saisir à nouveau le tribunal judiciaire, mais a essuyé un nouveau refus.
Le tribunal a expliqué que la décision initiale n'était pas "manifestement illicite", mais a exprimé des regrets quant à l'absence de délai accordé à Mossely pour régulariser sa situation. En réaction à ce rejet, l'ancienne boxeuse a déclaré : "J'accepte bien entendu cette décision. J'ai poussé mon recours jusqu'au bout et tirons les leçons de ce système qui impacte notre sport".
Pour exprimer sa déception, elle a vivement critiqué les dirigeants de la boxe en affirmant que son sport est "gouverné par des pleutres, prêts à tout pour se maintenir en poste, car leur simple compétence ne suffirait pas." Elle a ajouté sans ambages : "Ils ont usé de tous les vices, en opposition aux valeurs sportives. Ils n’ont ni respect pour les femmes ni pour les athlètes. Je suis triste ce soir pour mon sport et pour l’avenir de la Fédération française de boxe."
Mossely a également exhorté les électeurs à s'abstenir lors de ce vote crucial, en déclarant : "Si vous souhaitez voir notre sport évoluer, faites le bon choix. (...) Nous verrons si vous jouerez le jeu de la dictature ou de la démocratie." La réaction de Dominique Nato a été plutôt stoïque face à ces accusations. Contacté par l'AFP, il a simplement déclaré : "Le tribunal a confirmé la décision du CNOSF, il y a des lois, tout est clair et précis, cela s'arrête là."
Ce climat de tension soulève des interrogations sur l'avenir de la boxe française et sur la manière dont la gouvernance de ce sport se met en œuvre. La communauté des boxeurs est divisée, certains soutiennent Mossely, tandis que d'autres continuent de faire confiance à l'administration en place. L'imminent scrutin déterminera peut-être non seulement l'avenir de la fédération, mais également l'orientation du sport au sein du pays.