Écrivain et médecin à Toulouse, Baptiste Beaulieu, né en 1985, évoque son enfance marquée par les évolutions sociétales, notamment la dépénalisation de l'homosexualité. À 9 ans, lors d'une soirée familiale devant le film La Cage aux folles, il se souvient avoir exprimé son dégoût face à un couple homosexuel, attendant en vain une réaction de ses parents. Ce souvenir souligne l'importance de l'exemplarité parentale, non seulement par leurs mots mais aussi par leurs silences.

Dans son dernier ouvrage, intitulé **Tous les silences ne font pas le même bruit** (L’Iconoclaste, 376 pages, 20,90 euros), Baptiste, qui s'est fait connaître par sa présence en ligne et ses chroniques sur France Inter, aborde la question des préjugés que rencontrent les homosexuels, particulièrement lorsqu'ils souhaitent fonder une famille. Marié et père d’un fils de 15 mois, il a également été donneur dans le cadre d'une procréation médicalement assistée pour un couple d’amies, devenues mères d’une petite fille de 3 ans.

La première fois que vous vous êtes senti père ?

Un moment particulièrement marquant a été, lorsqu'une nuit, mon fils avait un peu plus d'un mois et pleurait. En le prenant contre moi, j’ai ressenti qu’il avait froid et il s'est rapidement rendormi. Ce moment a été décisif pour moi en tant que père, car j'ai compris son besoin et j'étais là pour y répondre. Prendre soin de quelqu'un d'autre que soi-même est une responsabilité énorme, mais cela apporte aussi une immense satisfaction, me permettant de sortir de mon propre récit et de m'investir pleinement dans l’expérience de la paternité.

Vous écrivez que le désir de parentalité chez les hommes, qu'ils soient homosexuels ou hétérosexuels, reste souvent un non-sujet…

C'est vrai, au cabinet, je rencontre parfois des hommes qui ressentent ce désir d’enfant. C'est une expérience profondément personnelle et intime. Personnellement, je ne m’étais jamais imaginé dans le rôle de parent avant de tenir un bébé dans mes bras pour un examen. En tant que médecin, je constatais que certains enfants ne recevaient pas l'amour qu'ils méritaient. Cela m’a poussé à m'interroger sur mes propres sentiments de vouloir entourer un enfant avec affection et tendresse.

Dans votre livre, vous soulignez que personne ne remet en question les capacités des hétérosexuels à être de bons parents… Pourquoi c'est si différent pour les homosexuels ?

Il est frappant de constater que le monde tend à normer la parentalité hétérosexuelle. Les préjugés sont tenaces et les couples homosexuels doivent souvent prouver leur légitimité en tant que parents, malgré les expériences et les craintes qu'ils partagent. Cela soulève une réflexion plus large sur l'égalité des droits et sur la manière dont la société valorise différentes formes de familles. Les voix comme celle de Baptiste Beaulieu sont essentielles pour continuer à sensibiliser et à ouvrir le débat autour de la parentalité sous toutes ses formes.