Monde

Aux confins de l’Afghanistan, ces montagnards qui échappent à la loi islamiste

2025-01-04

Auteur: Sophie

À 3000 mètres d’altitude, le bazar d’Ishkashim s’étire comme une veine fatiguée, serpentant entre des maisons en pierres grises, sur une colline rongée par le vent. Les cimes escarpées du massif du Pamir font rempart en arrière-plan, derrière un rideau de mûriers jaunis. Des silhouettes féminines et colorées cheminent entre leurs troncs minces, près d’une grappe de chameaux à la robe chocolat issus du Pamir oriental, qui paissent tranquillement.

Pris pour leur viande et leur lait, ces chameaux sont de plus en plus présents depuis la fin de la guerre, d’après les nomades qui les élèvent. La disparition des divers points de racket, des miliciens, des talibans et des militaires de l’ex-République afghane, y contribue fortement. Alors que le paysage semble paisible, un match de volley-ball bat son plein dans un coin du bazar. Ce panorama bucolique évoque une carte postale, rappelant que la vie quotidienne des habitants est, pour l'instant, préservée malgré le retour au pouvoir des talibans il y a trois ans.

Cependant, cette tranquillité apparente cache une réalité bien plus complexe. Les habitants, bien qu’éloignés des grandes villes, subissent toujours les conséquences des lois imposées par le régime taliban. Les femmes, bien que se déplaçant encore librement dans ces régions reculées, vivent dans la crainte de restrictions plus sévères. Les rumeurs circulent concernant des raids menés par les talibans, ce qui pousse certaines familles à se cacher des autorités. Une source locale a révélé que plusieurs familles avaient même envisagé de quitter la région pour rejoindre des zones plus sûres, où la peur d’être soumise à des lois strictes serait moindre.

La résistance cachée des montagnards d’Ishkashim est palpable. Au-delà des apparences, des discussions se tiennent sur la stratégie à adopter face à ce joug. Les villageois se réunissent la nuit pour échanger leurs préoccupations et envisager des moyens de protéger leur mode de vie traditionnel. Dans un monde où l'ombre des talibans plane, ces montagnards pourraient bien être les derniers bastions d'une culture en voie d'extinction.