« Je ne lâcherai rien », a promis Marine Le Pen lors d'un discours solennel devant les Invalides, se lançant dans une critique virulente d'une « décision politique » qualifiée de « bafouement de l'État de droit » et de l'« État de démocratie ». Cette réaction suit son jugement d'inéligibilité qui, malgré son intensité, n'a pas suscité de véritable soulèvement populaire, plongeant ainsi le Rassemblement National (RN) dans une tourmente stratégique.

La position officielle du parti reste que Marine Le Pen se présentera à la prochaine élection présidentielle car « les Français le souhaitent », comme le réaffirme Sébastien Chenu, vice-président du RN. Cependant, certains experts s'interrogent sur la validité de sa candidature après avoir mené le RN aux portes du pouvoir sans réussir à franchir le cap.

Luc Rouban, politologue au CNRS, argue que « être condamnée au pénal n’est pas une bonne image » pour séduire un électorat plus large, essentiel pour obtenir les voix nécessaires à la victoire. Si la culpabilité de Marine Le Pen est confirmée en appel, cela pourrait nuire à ses ambitions présidentielles.

En vérité, le RN pourrait faire face à un long chemin d'incertitude avant de désigner son candidat. Jean-Yves Dormagen, directeur de l'institut de sondage Cluster 17, prédit que cela pourrait devenir un véritable « feuilleton médiatique et judiciaire ». Les répercussions de cette situation risquent d'affecter le vote des électeurs modérés de centre droit, un appui crucial pour le RN.

Les sondages actuels montrent que le RN, qu'il s'agisse de Marine Le Pen ou de son successeur potentiel Jordan Bardella, demeure au-dessus d’un tiers des intentions de vote. Cependant, personne n’a encore analysé l’impact d’un deuxième tour. Sébastien Chenu reconnait que « Marine Le Pen et Jordan Bardella ne sont pas interchangeables » pour l'électorat.

Il est désormais devenu « inenvisageable » pour le RN de mener une campagne présidentielle sans le soutien de Marine Le Pen. Les idées du RN, bien qu’ancrées dans le paysage politique français, ne garantissent pas pour autant une victoire. Les dynamiques électorales s’articulent autour d’une relation entre un candidat et le peuple français, un challenge que seul Marine Le Pen pourrait relever pour le moment.