Animaux ou végétaux : Combien d'espèces vivent réellement sur notre planète?
2025-01-19
Auteur: Chloé
Après l’ère des grandes expéditions naturalistes, du XVIe au XIXe siècle, qui avaient permis de dévoiler la richesse incroyable des espèces de notre planète, la question du nombre total d’espèces semblait secondaire. Pourtant, au début du XXIe siècle, la crise de biodiversité et l'accélération de la destruction des écosystèmes encouragent à revisiter cette interrogation.
Dans un monde où les espèces disparaissent à un rythme alarmant, connaître le nombre exact d’espèces vivantes devient crucial pour évaluer la santé de notre planète. En 2024, on dénombre officiellement 2 153 938 espèces, dont une majorité d’invertébrés, représentant 1 489 932 espèces, principalement des insectes (1 053 578 espèces). Les vertébrés, quant à eux, comptent seulement 75 923 espèces, suivi par les plantes et les champignons avec respectivement 425 679 et 157 648 espèces.
Le naturaliste suédois Carl von Linné, au XVIIIe siècle, avait déjà commencé la classification des espèces en leur donnant des noms. Lorsqu'il a publié ses travaux, environ 12 000 espèces étaient identifiées. Aujourd'hui, le nombre a augmenté de manière exponentielle, mais il reste beaucoup à découvrir.
Cette liste mondiale est tristement incomplète. Les estimations actuelles suggèrent qu'il pourrait y avoir entre 8 millions et plusieurs milliards d'espèces au total sur Terre. Par exemple, la biodiversité marine, souvent sous-estimée, pourrait encore dissimuler des milliers d'espèces marines non répertoriées. Des études estiment que près de 4 millions d’espèces de champignons pourraient exister. En outre, pour les bactéries, les chiffres se comptent par milliards, alors que seulement 10 000 à 30 000 espèces ont été identifiées jusqu'à présent.
Pourtant, comment répertorier toutes ces espèce sans une méthode adaptée ? C'est ici que l’ADN environnemental entre en jeu. En utilisant des techniques de biologie moléculaire, les scientifiques peuvent détecter les traces génétiques laissées par les espèces dans leurs habitats, sans besoin de les observer directement. Cela représente une avancée significative par rapport à la méthode traditionnelle, qui nécessite la collecte physique d'échantillons.
Paradoxalement, la définition même d’une espèce pose encore des défis importants. Alors que l'approche classique se base sur des caractéristiques morphologiques, les concepts biologique et évolutif soulèvent des questions sur les barrières génétiques et l’isolement des lignées. Un exemple frappant est celui des espèces cryptiques, comme les taupes en France, qui sont indistinguables morphologiquement mais qui appartiennent à des lignées distinctes.
Ainsi, la compréhension de notre biodiversité nécessite non seulement une collecte de données exhaustive, mais aussi une réflexion profonde sur la définition même des espèces. Notre planète cache peut-être encore des merveilles insoupçonnées, et la prise de conscience de leur existence est plus que jamais urgente pour notre avenir.