Affaires

Allemagne : un tournant majeur vers l'augmentation de la dette publique ?

2024-11-15

Auteur: Jean

Le contexte de la dette publique en Allemagne

Le prochain gouvernement allemand pourrait enfin briser le tabou autour de la dette publique, un terme associé à la fois à l'endettement et à la culpabilité dans la culture allemande. Friedrich Merz, candidat conservateur à la chancellerie pour les élections législatives prévues le 23 février 2025, a récemment montré une ouverture inattendue envers la réforme du « frein à la dette », cette règle constitutionnelle qui limite le déficit budgétaire à 0,35 % du produit intérieur brut (PIB).

Critiques du frein à la dette

Cette règle, symbole de la rigueur économique allemande, est de plus en plus critiquée. Les détracteurs l'accusent de contribuer au manque d'investissements dans les infrastructures vieillissantes du pays ainsi qu'à la lenteur du réarmement allemand face à des menaces géopolitiques croissantes en Europe. L'Allemagne, qui est historiquement considérée comme le moteur économique de l'Europe, pourrait donc être handicapée par cette rigidité budgétaire, alors que l'économie mondiale fait face à des incertitudes, notamment avec le retour potentiel de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis. Avec une dette représentant 60 % du PIB, l'Allemagne demeure bien placée par rapport aux autres pays de l'OCDE où la dette est généralement plus élevée.

Déclarations de Friedrich Merz

Merz, lors d'une conférence du quotidien Süddeutsche Zeitung, a déclaré : « Le frein à l'endettement est un sujet technique. Nous pouvons y répondre de différentes manières. » Bien qu'il ait auparavant défendu cette règle, il semble maintenant prêt à envisager une réforme, en précisant que des discussions sont possibles concernant la plupart des articles de la Constitution, sauf pour les dix-neuf premiers.

Conditions d'une réforme

M. Merz a insisté sur le fait que si la réforme de cette règle devait se traduire par des dépenses supplémentaires non essentielles, elle ne serait pas justifiée. En revanche, il a indiqué que si cela permettait des investissements nécessaires pour le futur, la situation pourrait être différente.

Un changement inévitable

Ce changement de cap de Merz peut être interprété comme une réponse stratégique aux pressions politiques et économiques actuelles. À 69 ans, il est en bonne position pour accéder au poste de chancelier, mais une coalition avec d'autres partis, comme les sociaux-démocrates ou les Verts, pourrait être nécessaire pour obtenir la majorité requise au Bundestag et au Bundesrat pour modifier cette règle. Thomas Biebricher, professeur de sciences politiques, souligne que la CDU aura également besoin de ressources financières si elle souhaite gouverner efficacement, ajoutant que l'option d'une réforme du frein à l'endettement devient alors incontournable.

Implications pour l'économie européenne

Les implications de cette évolution pourraient être significatives, non seulement pour les finances publiques allemandes, mais aussi pour l'économie européenne dans son ensemble. Face à une compétitivité croissante et à une nécessité d'innovation, l'Allemagne pourrait enfin se libérer des chaînes d'un passé limite pour mieux investir dans son avenir.