
Aide Sociale à l'Enfance : La Cour des Comptes alerte sur l'Accompagnement Disparate des Jeunes Majeurs
2025-03-19
Auteur: Sophie
La Cour des Comptes considère comme « déterminant » l'amélioration de l'accompagnement des jeunes majeurs pour prévenir des « situations dramatiques ». Son rapport annuel, publié le 19 mars, souligne que la prise en charge des jeunes à la sortie de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) varie considérablement d'un département à l'autre.
En France, environ 397 000 jeunes, dont 31 900 majeurs, sont concernés par des mesures de protection au sein de l'ASE, une compétence des départements depuis les lois de décentralisation de 1982-1983. La Cour affirme que, bien que les départements cherchent à répondre aux besoins des jeunes majeurs, les modalités de leur prise en charge oscillent grandement en fonction des territoires.
Bien que les dérogations soient légitimes en raison de la nature décentralisée de cette compétence, la Cour des Comptes insiste sur le fait qu'une base commune de prise en charge doit exister pour garantir l’égalité des usagers devant le service public.
Dans un contexte de grande précarité et de vulnérabilité, la protection des jeunes majeurs de l'ASE a été progressivement élargie pour éviter les « sorties sèches », c'est-à-dire ces jeunes qui se retrouvent sans perspective d’insertion sociale et professionnelle à l’âge adulte. La loi Taquet, instaurée le 7 février 2022 et appliquée en 2024, a pour objectif de prolonger la prise en charge jusqu’à 21 ans pour les jeunes sans ressources adéquates et sans soutien familial. Toutefois, la Cour note que cette législation ne s'est pas traduite par une augmentation significative de la prise en charge des jeunes majeurs dans tous les départements.
Des progrès sont observés concernant le logement et l'accès à l'Assurance Maladie, mais la situation concernant l’accès aux aides telles que les allocations de rentrée scolaire reste préoccupante. Près de la moitié des sans-abri âgés de 18 à 25 ans sont d’anciens jeunes de l'ASE, ce qui souligne l'urgence d'un meilleur accompagnement pour ces jeunes vulnérables.
La Cour appelle à renforcer la coopération avec les missions locales afin de s'assurer que les jeunes majeurs puissent accéder aux dispositifs d’insertion sociale et professionnelle. Elle préconise également d'établir des objectifs clairs pour garantir une prise en charge minimale.
Cette situation soulève des questions critiques sur l'avenir des jeunes issus de l'aide sociale. Comment garantir un passage à l'âge adulte digne et sécurisé ? Des solutions existent, mais elles nécessitent une volonté politique et une coordination plus forte entre les acteurs concernés. Il est temps d'agir pour éviter une génération perdue.