Dans une initiative originale, Émeline Ménard et Élizabeth Teulade, manipulatrices dans le service de radiothérapie de Girac, ont décidé de lancer leur propre version de Movember. Contrairement à la campagne habituelle qui se déroule en novembre, elles ont anticipé les événements pour sensibiliser à la détection du cancer de la prostate. Avec 30 % de leurs patients traités pour cette maladie, elles ont trouvé pertinent de créer une occasion interactive pour engager les hommes.

La pétanque est ainsi devenue le prétexte idéal pour établir un dialogue. Jean-Christophe Voiron, un patient qui a été diagnostiqué il y a un an et demi et qui a récemment subi une opération, témoigne de l'atmosphère conviviale qui règne souvent lors de ces rencontres. "C'est un moyen de sortir de l'hôpital et de parler librement, sans tabous. Ici, on aborde tout, des soucis quotidiens aux expériences de chacun. C'est une façon d'échanger et de se soutenir", dit-il.

Élizabeth, l'une des initiatrices, souligne l'importance des relations qui se créent entre patients et soignants. La pétanque permet de favoriser la rencontre et l'échange d'expériences. "C'est bon pour la morale, et ça permet à nos patients de reprendre une activité physique, essentielle pour leur bien-être", affirme-t-elle.

Le directeur opérationnel du centre, Cedric Revelen, constate également que de telles initiatives aident les patients à se rassembler et à engager des conversations sur des sujets souvent difficiles à aborder. Malheureusement, les hommes sont parfois moins enclins à parler de leurs expériences par rapport aux femmes, mais ces rencontres les aident à franchir cet obstacle.

Un patient de 63 ans, Joël Duhamel, qui a récemment terminé ses traitements, est venu pour l'information et la camaraderie. "Les échanges ici sont enrichissants, on apprend beaucoup les uns des autres", confie-t-il. Par ailleurs, le Dr Mokrane Benhaddou, radiothérapeute oncologue, insiste sur l'importance de telles initiatives pour l'information et la prévention. Il est crucial que les hommes soient conscients des contrôles de santé réguliers, notamment le dépistage du PSA, un test qui pourrait sauver des vies.

Malheureusement, certains patients, comme Bernard, 74 ans, ont découvert leur cancer trop tard. "Si mon médecin avait demandé un test PSA plus tôt, peut-être que j'aurais pu éviter cette situation," dit-il. Cette anecdote met en lumière le besoin urgent de sensibilisation autour des dépistages préventifs pour le cancer de la prostate.

Les discussions informelles autour des problèmes de santé, comme les effets secondaires de traitements, sont facilitées par ces rencontres. "Parler de troubles de l'érection peut être délicat, mais ici, sous les arbres, l'atmosphère est détendue et tout le monde se comprend", ajoute Jean-Christophe.

Le tournoi de pétanque de la semaine dernière fut un succès, et Émiline et Élizabeth envisagent déjà d'autres événements similaires à l'avenir. Elles sont visiblement ravies de voir des sourires sur le visage des patients, qui semblent plus détendus grâce à ces moments de partage. D'ailleurs, Élizabeth souligne avec enthousiasme : "C'est un bel exemple de solidarité et de joie au sein de notre service de radiothérapie, où l'on rit beaucoup plus que ce que l'on pourrait penser." Une belle leçon de courage et d'esprit communautaire!