Wuhan : 5 ans après, la colère des habitants persiste envers les autorités
2025-01-09
Auteur: Michel
Il y a cinq ans, le 11 janvier 2020, la ville de Wuhan, en Chine, annonçait avec une grande tristesse le premier décès lié à un virus encore inconnu. Cette date, qui marquait le début de la pandémie de Covid-19, est aujourd'hui passée sous silence dans le pays. Aucun hommage n'a été rendu, mais les 13 millions d'habitants de Wuhan gardent en mémoire les souffrances et les pertes tragiques subies pendant cette période sombre.
Le tristement célèbre marché de Huanan, souvent évoqué comme le point de départ de l'épidémie, demeure fermé depuis cinq ans, encerclé par de grandes palissades bleues qui témoignent de l’abandon d'un lieu autrefois vibrant. Une résidente du quartier exprime sa frustration : "C'est triste de voir un si grand marché inoccupé au cœur de la ville. Il pourrait être réaménagé en un espace productif, peut-être un centre d’affaires, mais rien n’a été fait." Les répercussions de la fermeture se font encore sentir, tant au niveau social qu'économique.
Des voix s'élèvent pour témoigner de la colère et de l'injustice. Pour beaucoup, la mémoire de ceux qui ont péri dans les premières semaines de l’épidémie reste vive. C’est le cas de Wendy, une jeune maman d’une quarantaine d’années, qui se souvient du décès de son mari, laissant un vide immense dans sa vie. Dans un café, loin des regards indiscrets, elle raconte les difficultés rencontrées pour obtenir des soins médicaux adéquats alors que les hôpitaux étaient débordés. "Il n’y avait plus de places, et mon mari est mort par manque de prise en charge", explique-t-elle, le ton chargé d’émotion.
"Je ressens de la colère et de la frustration vis-à-vis des autorités", confie-t-elle. "Le gouvernement privilégie sa stabilité plutôt que de protéger ses citoyens. Pour eux, peu importe si la population souffre tant qu'ils restent au pouvoir. Si les choses restent ainsi, de futures tragédies sont inévitables."
Un autre témoignage poignant est celui d’un chauffeur de taxi qui a perdu sa mère pendant les premiers mois de la pandémie. Abattu, il se remémore les jours où il a porté sa mère dans ses bras en quête de soins : "Chaque fois que je parle de cela, la douleur refait surface. Nous, les citoyens, n'avons presque aucun droit face au gouvernement. C'est déchirant !"
"Si le gouvernement nous avait avertis plus tôt, nous aurions pu prendre des précautions. Les choses auraient pu être différentes, mais ils ont minimisé la situation," affirme-t-il, alors qu'il considère aussi l'idée de porter plainte, bien que sachant que cela ne mènera nulle part.
Cinq ans après ces événements tragiques, les autorités chinoises continuent de surveiller de près ceux qui osent critiquer leur gestion de la crise sanitaire. Certains habitants, épuisés par la répression, ont choisi de quitter le pays. Mais d'autres, comme le chauffeur de taxi, continuent de vivre dans la crainte. Récemment, une caméra a été installée devant sa maison, renforçant son sentiment de vulnérabilité.
Wendy, de son côté, cherche encore une indemnisation et des excuses des autorités, mais admet que cet espoir diminue chaque jour. Tout en se battant pour la mémoire de son mari et des victimes du Covid-19, elle déplore l'absence de reconnaissance et de prise de responsabilité de la part des responsables politiques. Ainsi, à Wuhan, le traumatisme persiste et la rancœur envers les autorités demeure palpable.