
Whatsapp, Telegram... Pourquoi le gouvernement abandonne ses ambitions sur le chiffrement des messageries
2025-03-21
Auteur: Sophie
Dans le cadre de la loi Narcotrafic, l'Assemblée nationale a pris une décision cruciale le jeudi 20 mars en rejetant l'amendement visant à abolir le chiffrement des messageries comme Whatsapp ou Signal, une mesure qui aurait pu altérer la sécurité des utilisateurs. Ce revirement a été accueilli avec soulagement par de nombreux défenseurs de la vie privée.
L'idée initiale derrière cet amendement était de permettre aux autorités de surveiller les messageries chiffrées en introduisant une 'porte dérobée'. Comme l'a mentionné le sénateur Les Républicains Cédric Perrin, l'objectif était d'intégrer "une tierce personne" dans les conversations pour intercepter les discussions criminelles sans que cela ne soit détecté. Une méthode qui rappelle les débats autour de la surveillance numérique dans de nombreux pays.
Cependant, le rejet de cet amendement n'est pas surprenant. Loin d'être un phénomène isolé, plusieurs pays ont tenté sans succès de fragiliser le chiffrement. En 2023, par exemple, le Royaume-Uni avait également envisagé de rendre les messages chiffrés accessibles aux autorités, mais a fini par abandonner cette démarche face aux critiques.
Les mises en garde contre cette initiative en France étaient nombreuses. Raphaël Auphan, directeur des opérations chez Proton, a exprimé ses inquiétudes : "Suivre l'exemple de pays où la liberté d'expression est compromise est dangereux". Des pays comme la Russie et l'Iran, ayant déjà tenté d'imposer des mesures similaires, illustrent l'impact négatif sur les libertés individuelles.
En France, la PDG de Signal, Meredith Whittaker, a même menacé de quitter le pays si l'amendement était approuvé, soulignant que cela compromettrait la confiance envers ces outils de communication. Éric Bothorel, député, a également exprimé que la mise en place d'une telle porte dérobée pourrait faire s'effondrer une partie essentielle de notre confiance numérique, clivant davantage l’opinion publique sur la question de la sécurité versus la vie privée.
La problématique demeure complexe. D'un côté, le chiffrement protège la vie privée des utilisateurs, tandis que de l'autre, il fournit un refuge pour les activités criminelles. Il est crucial de trouver un équilibre sans sacrifier les libertés fondamentales. Des mesures telles que des interpellations réussies sont réalisées quotidiennement sans nécessité d'affaiblir le chiffrement.
"Le chiffrement n'est pas l'ennemi", souligne Alexandre Archambault, avocat spécialisé en vie privée. Il rappelle également que le chiffrement est essentiel non seulement pour la sécurité personnelle, mais aussi pour assurer la confidentialité professionnelle, notamment pour les avocats et les médecins.
En fin de compte, le rejet de l'amendement représente une victoire pour les défenseurs de la vie privée et souligne une prise de conscience croissante des dangers potentiels liés à la surveillance intrusive. La question du numérique ne se limite pas à la sécurité ; elle touche à des valeurs fondamentales de notre société. La lutte pour préserver ces valeurs continuera d'animer les débats dans les mois et années à venir.