La production de batteries pour voitures électriques en France représente un défi capital pour l’industrie automobile européenne, et pourtant, l’essor de cette filière se heurte à de nombreux obstacles. L'usine Automotive Cells Company (ACC) à Douvrin, inaugurée en mai 2023, illustre parfaitement ces enjeux. Près de 50 % des cellules de batteries qu'elle produit finissent au rebut, une situation alarmante qui soulève des questions sur la viabilité de cette usine.

Une Usine aux Débuts Difficiles

ACC, créée grâce à l'alliance de Stellantis, Mercedes et TotalEnergies-Saft, peine à atteindre ses objectifs de production. Alors que l'entreprise ne compte que quatre années d’existence, elle doit rivaliser avec des concurrents asiatiques qui bénéficient d'une expérience de plus d'une décennie. Selon Mattieu Hubert, le secrétaire général d'ACC, "nous avons certainement des taux de rejet élevés, mais ils tendent à s'améliorer avec le temps". Toutefois, il est impératif que l'entreprise affine rapidement ses processus pour limiter ces pertes.

Un Changement Technologique Crucial

Le passage d’une production centrée sur les batteries NMC (Nickel Manganèse Cobalt) vers un focus sur les batteries LFP (Lithium Fer Phosphate) se présente comme une nécessité stratégique. Les batteries LFP, moins coûteuses et adaptées aux modèles d’entrée de gamme de Stellantis, sont essentielles pour améliorer la compétitivité d’ACC face à ses rivaux asiatiques. Le défi réside dans le fait que cette transition demande une adaptation industrielle presque totale.

Des Ambitions Réduites

Face aux multiples difficultés rencontrées, ACC a ajusté ses ambitions. Le projet initial, qui comportait quatre phases de développement, a été significativement réduit. Régis Scheenaerts, représentant de la CGT chez Stellantis Douvrin, souligne que "c’est un grand projet qui se dégonfle". Des retards dans la première phase pourraient menacer l’ensemble du développement de l’usine, et les projets d’extension en Allemagne et Italie sont désormais à l’arrêt.

Les Répercussions sur Stellantis

Les défis d’ACC ont des implications majeures pour Stellantis. Les retards de production de batteries NMC ont forcé le constructeur à se tourner vers le fournisseur chinois BYD pour ses modèles Peugeot e-3008 et e-5008. Ce choix compromet la stratégie de Stellantis de produire "made in France" et souligne les risques associés à la dépendance envers des fournisseurs extérieurs.

Quelles Perspectives d'Avenir ?

Malgré ces défis, ACC continue son chemin et cherche à optimiser ses processus de production. Le développement des cellules LFP représente une occasion potentielle de renaissance pour l’entreprise. La maîtrise de cette nouvelle technologie est essentielle pour l’avenir des modèles d'entrée de gamme de Stellantis et le reste de l’industrie automobile européenne. Les enjeux sont cruciaux pour garantir l'indépendance technologique de l'Europe face aux géants asiatiques.

En conclusion, bien que la route vers une production de batteries efficientes en France soit semée d'embûches, elle est essentielle pour assurer l'avenir de l'industrie automobile électrique en Europe. Les prochains mois seront déterminants pour ACC, et leur succès pourrait influencer la stratégie automobile sur tout le continent.