En 2019, Ursula von der Leyen avait exprimé la nécessité d'une Commission européenne plus « géopolitique ». Cinq ans plus tard, la situation a considérablement évolué. La compétitivité et la sécurité sont plus que jamais ses priorités absolues, avec l'Ukraine au cœur des préoccupations de l'Union européenne. Le besoin pressant de « renforcer les capacités militaires européennes » s'impose alors. Dans un contexte mondial incertain, les nations européennes s'alliant face à la menace croissante de la Russie montrent une unité sans précédent.

Kaja Kallas, Première ministre estonienne, et Andrius Kubilius, ancien Premier ministre lituanien, disposent désormais de cent jours pour élaborer un « Livre blanc » sur l'« Union européenne de la Défense ». Ils seront épaulés par Henna Virkkunen, vice-présidente exécutive chargée de la Souveraineté technologique, de la Sécurité et de la Démocratie. En tant que Finlandaise, Henna Virkkunen apporte une perspective cruciale, car la Finlande partage 1 340 kilomètres de frontière avec la Russie et a récemment renforcé ses liens avec l'OTAN après le début de l'invasion de l'Ukraine.

La Pologne, un soutien indéfectible de l'Ukraine, a également obtenu un portefeuille significatif, celui du Budget. De plus, le Letton Valdis Dombrovskis était pressenti pour superviser l'« élargissement et la reconstruction de l'Ukraine ». Cependant, cette nomination n’a pas été confirmée en raison des craintes d'une politisation excessive de cette question cruciale.

Ursula von der Leyen montre par ces choix clairs qu'elle ne transigera pas face à la menace russe, malgré les divisions et désaccords qui persistent au sein de l'Europe. La nouvelle Commission commencera ses fonctions à un moment où l'OTAN est également en pleine mutation, avec le départ de Jens Stoltenberg. Ce dernier met en garde contre toute tentation d’« isolationnisme » et exhorte les Alliés à investir davantage dans la défense, affirmant qu'« il est essentiel d'être prêts à payer le prix de la paix ».

Ainsi, une nouvelle ère de la Défense européenne semble se dessiner. Toutefois, réussir à s'exprimer d'une seule voix demeure essentiel. Au final, ce sont bien les États membres qui restent souverains dans ce domaine, et il sera déterminant pour l'Union de parvenir à une véritable collaboration pour faire face aux défis actuels, notamment la protection des frontières et la réponse aux crises de sécurité.