Nation

Viols de Mazan : un procès qui suscite une vague d’émotions et de soutien

2024-09-27

Chaque matin, une haie d'honneur se reforme dans la salle des pas perdus du palais de justice d'Avignon. Peu avant 9 heures, accompagnée de ses deux avocats, Gisèle Pelicot entre dans le bâtiment, accueillie par une foule enthousiaste qui l'applaudit. Cet élan de solidarité a débuté le mardi 17 septembre, lors de l’audition de Dominique Pelicot. Cet accueil chaleureux est devenu une habitude à chaque suspension d’audience, à midi comme le soir.

La voix du public résonne parfois dans le hall : « On est avec vous, Gisèle ! ». Derrière ses lunettes teintées, Gisèle esquisse un sourire modeste, répondant avec un « merci » touchant, la main sur le cœur. Jeudi dernier, une jeune femme a même fondue en larmes à son passage, et la semaine précédente, un homme âgé a remis un bouquet de fleurs à la victime en signe de soutien. Depuis le début du procès, plusieurs bouquets lui ont été envoyés au palais.

Dans la rue, les passants expriment également leur encouragement, tandis que les voitures klaxonnent à son passage. Sur les murs d'Avignon, des affiches réalisées par des collectifs féministes portent des messages de soutien. « On la disait brisée, mais Gisèle est une véritable combattante », disent-elles. Depuis son ouverture le 2 septembre, le procès des viols de Mazan déborde littéralement de la salle Voltaire, la plus grande du palais, qui ne peut contenir l'afflux de personnes venues soutenir la cause.

La tension est palpable

Sur les 51 accusés que Gisèle affronte depuis sa place protégée, 32 se présentent libres, arpentant les couloirs du tribunal et fréquentant le café voisin, où le propriétaire se plaint de leur présence peu accueillante. Lors des premiers jours, Gisèle elle-même s'est retrouvée parmi ces hommes, dans la file d'attente du portique de sécurité, mais a depuis gagné un laissez-passer pour circuler plus librement.

Le public n'est pas autorisé dans la salle d’audience principale et doit observer les débats à partir d'une salle de retransmission annexe. Bien que seulement 60 personnes puissent y entrer, chaque jour deux fois plus se pressent pour y assister, avec une majorité de femmes. Ce sont ces spectatrices qui applaudissent Gisèle et, dans certains cas, conspuent les accusés.

Au cours des deux dernières semaines, une dynamique incroyable a évolué : ce procès, déjà considéré comme historique, a pris une tournure frénétique. Rapidement, les noms des accusés, précédemment tus par respect pour leurs familles, ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux, effaçant les barrières du silence. Ces derniers sont désormais mentionnés dans des documents accessibles au public, rendant ce procès encore plus explosive dans ses répercussions.

Les témoignages poignants et la mobilisation grandissante autour de ce procès soulèvent des questions cruciales sur la justice et le soutien aux victimes. Gisèle Pelicot devient le symbole d'une lutte plus large contre la violence envers les femmes, et il est clair que ce procès marquera un tournant historique dans la manière dont la société aborde de tels crimes.